Alors que la police découvre le cadavre éventré de Mary Jane Kelly, à Londres en 1888, un homme et son serviteur s’embarquent précipitamment pour l’Amérique, plus précisément pour Chicago. Un homme jeune, après avoir rassuré un créancier est accusé, par l’oncle d’une jeune femme, d’escroquerie et de faux en signature. Par souci de conciliation, il lui offre du café que l’autre, en colère, renverse en partant. Un chat, qui lape le liquide répandu, est mis dans un sac par l’individu et transporté à la poubelle. C’est ce même individu qui se fait embaucher à la Holden Pharmacy. Celui-ci se fait vite remarquer par Miss Holden, la propriétaire, et par la clientèle, qui ne jure que par lui. Le mari de Miss Holden, malade, décède rapidement. (Est-ce dû aux bons soins de Holmes qui l’a soigné ?) Et les morts se succèdent autour de lui, alors qu’il « magouille » pour asseoir sa situation financière. Il fonde beaucoup d’espoirs dans la prochaine exposition universelle de 1893 et la frénésie d’affaires que sa préparation génère. L’Agence Pinkerton and Sohn’s est alertée par Londres, via la police, pour chercher la trace de « Jack ». Parmi les agents, Hélène la suffragette, sera directement impliquée avec le départ soudain et définitif, pour l’Europe, de Mireille, sa meilleure amie, héritière d’un terrain en face de la pharmacie dont Holmes est devenu propriétaire depuis peu…
Henri Fabuel avait trouvé l’histoire de ce criminel dans un livre des années 70, dégotté dans une brocante. Intrigué par le personnage, il s’est lancé dans des recherches, a exploré diverses sources pour établir le présent scénario. L’auteur fait de ce personnage, qui semble mériter le titre de : « Premier serial killer américain », le tueur des prostituées du Londres de 1888. Parallèlement au parcours meurtrier de son personnage, Henri Fabuel s’attache à décrire le contexte historique et politique dans un moment important de la construction de nos sociétés modernes. Il dépeint également le climat autour de L’Exposition, les affairistes de tout poil qui se pressent autour des vastes chantiers reniflant l’odeur de gains rapides. La place est chère et Holmes veut y jouer un rôle.
Fabrice Le Hénanff réalise un dessin contrasté, retrouvant l’atmosphère qui se dégage des vieilles photos et cartes postales aux teintes sépia. Pour cela il utilise la couleur directe sur de l’Isorel, un aggloméré de couleur ocre ou marron. Le résultat est très attrayant et donne une tonalité vraiment particulière et remarquable à cet album. Une expérience réussie !
Cependant, on a parfois du mal à recoller les différentes phases du scénario et certains des personnages de Le Hénanff gagneraient à être mieux identifiables… À moins que les auteurs aient souhaité cette « petite difficulté » pour mieux éclairer la suite !
Serge Perraud nooSFere 16/07/2006
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