Conséquence d’une mutation, les humains ne rêvent plus. Pour ne pas sombrer dans la folie, ils doivent prendre quotidiennement du Pilrev. Le premier jour de son entrée dans la police, Alek Vacendak est confronté à une émeute d’une violence inouïe. Son intervention opportune lui permet de sauver Carter Cort, le chef de la police, qui en fait son adjoint. Ils pistent Zane Dargent, un vieux libertaire contestataire qui dirige, avec Shanaya, une petite société où ils ont mis au point un programme permettant de s’affranchir du Pilrev. Mais la façon dont Cort mène son enquête, l’improbable implication de Zane dans un sabotage, amène Alek à prendre fait et cause pour le vieux libertaire. Ils échappent à une action commando pilotée par la société qui fabrique le médicament et se réfugient dans la clandestinité. La position d’Alek est inconfortable, mais les cartes se brouillent. Cort travaille aussi pour la Cellule Zéro, une organisation internationale regroupant l’élite des agents secrets, mise en place par les gouvernements pour lutter contre l’hégémonique pouvoir des consortiums. Et Shanaya se révèle être quelqu’un de fort différent…
Dominique Latil aime le mouvement, l’action et pose nombre d’interrogations sur le futur de notre société. Il exacerbe, dans un avenir sombre, la situation actuelle qui tend à donner une vaste part du pouvoir politique aux responsables des grands groupes financiers. Les politiciens-dirigeants deviennent, de plus en plus, les relais de groupes d’intérêts. (Voir les USA et le lobby du pétrole…) Sa vision d’un monde où l’humanité est sous le joug de gélules qui bloquent la folie, n’est-elle pas celle du monde moderne, « accro » aux médicaments de toutes natures ? S’il modère son propos en parlant d’une mutation, ne peut-on penser qu’elle a été sciemment provoquée ? Il montre que les exactions commises au nom du profit ne sont pas moins rudes que celles nécessitées par la Raison d’État ! Cependant, on peut penser que le danger est plus grand quand il y a prolifération de milices et autres polices privées qui s’octroient des droits qui ne peuvent être que contradictoires. L’auteur nous régale en écrivant une intrigue vigoureuse avec une profusion d’actions.
La tonicité du scénario est parfaitement relayée par le dessin et la mise en scène de Sergi San Julian. Certes, son dessin peut, au premier abord dérouter, surprendre, car il brosse des « gueules » pas possibles à ses personnages. Mais cette force transmise par les traits correspond bien à l’esprit de la série. Il faut noter un net progrès entre le premier et le second tome. Quelles bonnes surprises (au point de vue dessin) nous réserve le troisième et dernier volet de la série ?
Une série tonique au thème qui interpelle ! Une vision de notre futur si les choses continuent d’évoluer comme elles le font !
Serge Perraud nooSFere 16/08/2006
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