« Je suis un homme de science, et j'ai beau être cubain, je ne crois pas aux zombies, ni en aucune sorte de revenants ! ! ! Maintenant, je dois avouer que ceux-là...sont plutôt convaincants. » (p.19)
En 1898, l'armée américaine a envahi Cuba et a contraint l'Espagne à renoncer à sa souveraineté sur l'île. En 1902, les « libérateurs » font figure d' « occupants » et les élections démocratiques promises tardent à venir... Certains cubains espèrent encore une issue pacifique mais d'autres sont tentés par une action violente... Dans ce contexte apparaît un insaisissable sorcier vaudou, dont le nom circule vite sur toutes les lèvres : Islero. Car depuis sa venue, de nombreux soldats américains meurent dans des circonstances mystérieuses, avant de réapparaître quelques jours après leurs enterrements, transformés en véritables zombies... L'équipe de l'agence W.E.S.T. est alors mandatée pour mettre fin aux agissements de ce mystérieux sorcier...
Un solide contexte historique, sur un épisode de l'Histoire probablement jamais abordé en bande dessinée ; une manière originale de renouveler le thème du zombie — thème d'ailleurs abordé ici sous un angle plutôt rationnel ; une remarquable mise en scène de ces enjeux politiques et des diverses factions en présence, évitant toute simplification abusive ; des personnages tortueux et des héros plutôt peu sympathiques ; de l'action inventive et parfois ambiguë... On pourrait continuer à énumérer bien d'autres qualités du scénario imaginé par Dorison et Nury, mais on se contentera au final de pointer sa remarquable complexité, sa densité inhabituelle ainsi que sa narration tout aussi remarquablement fluide. Après un premier cycle prometteur, ce deuxième cycle — lui aussi prévu en deux albums — démarre de manière grandiose et passionnante. On retrouve en outre un Christian Rossi en grande forme, avec un trait toujours aussi précis mais plus passionné et plus fougueux que dans le premier tome de la série.
En bref, du grand art et un album à classer sans nul doute parmi les indispensables de l'année.
Pascal Patoz nooSFere 10/09/2006
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