La Matriarche, la créatrice de l’univers, et donc de la Terre, a été renversée par des éléments d’une race qui s’auto qualifie d’humaine. Deux sociétés, aux politiques affichées bien différentes, se partagent le pouvoir : la C-Coke, une marque de cola, et la P-Soda, sa rivale. Depuis, c’est la barbarie ! Une prophétie révèle que l’univers doit être sauvé, la paix restaurée entre les compagnies, par une belle vierge de quinze ans, qui redonnera aussi le pouvoir à la Matriarche, sa mère. Or la petite Ariadna, qui en avait assez de sa virginité, choisit ce moment pour la perdre. Mais, elle est également la fille naturelle de Père Van Sidow, fille qu’il a eue avec la Matriarche avant de l’écarter des commandes, pour donner la place au commerce libéral. Cependant, il a élevé sa fille, sans la reconnaître, et en a fait une mercenaire actuellement en mission pour tuer Cassius, son rival, patron de la P-Soda. Entre-temps, Ari a rencontré Attila, un garde du corps de Cassius, dans une manifestation alter mondialiste pour la défense de la planète Fango, nouvellement découverte. C’est avec lui, qu’elle devient femme. Mais Cassius n’a plus confiance en son garde du corps. Il veut s’en débarrasser en même temps qu’Ari, qui est prisonnière, en les envoyant dans une fusée, s’écraser sur la planète Fango. Et ce n’est que le début de l’histoire…
Ceci n’est que le début des aventures de la jeune Ari, des aventures échevelées, burlesques où l’action et l’humour sont omniprésents et font bon ménage. L’érotisme sert de liant aux deux autres éléments, pour un ton parodique du plus bel effet. Cependant, il s’agit d’un érotisme sain, « bon enfant » où les valeurs de l’amour physique sont présentées avec naturel. Migoya, qui vient du courant érotique, nous régale d’un récit au ton novateur. Il concocte un scénario de BD plus classique, bien que l’aspect sexuel soit une composante du récit. Avec les deux sociétés et leur lutte concurrentielles, il met en lumière la façon dont les politiques commerciales libérales se masquent sous de bons sentiments et il se livre à une exploration du libéralisme, de toutes les formes qu’il peut prendre, moquant au passage, la fausse humanité dont se pare le soi-disant commerce équitable.
Man, qui a étudié le dessin à l’École Joso de Barcelone, débute comme dessinateur de planches érotiques, pour des sites Internet, puis des mensuels BD. Il use, pour mettre en scène l’intrigue, d’un dessin moderne, directement inspiré d’auteurs japonais, retrouvant ce dépouillement du trait compensé par la couleur.
D’enfant à Femme, est le premier tome d’un diptyque au ton jubilatoire et novateur, aux aventures frénétiques, pour un ton parodique réussi.
Serge Perraud nooSFere 17/10/2006
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