L’action se déroule en 1864 et s’appuie sur la Guerre du Mexique, menée par Napoléon III pour remettre au pouvoir le « très catholique » Miramón, renversé par l’anticlérical Juáres. Elle s’est soldée, quelques années plus tard, par une défaite sanglante. L’année précédente, la tentative de médiation menée par l’Empereur dans la Guerre de Sécession avait échoué. Ici, il cherche à s’emparer de l’arme de Quetzalcoatl, qui lui assurera la victoire et lui donnera un argument de poids dans les négociations avec les Sudistes.
Dans les ruines du temple de Tulum, le capitaine Gabriel-Valentin La Rochelle, dit Gavroche, recueille le témoignage d’un lieutenant de la Légion Étrangère. C’est le seul survivant, après que les frères Mauguy aient ouvert la dernière porte qui donnait accès à un caisson où sommeille un monstre. Ce dernier a le temps de créer un avatar, avant que les Mauguy ne le prennent sous contrôle. Le caisson et son contenu sont chargés sur Le Clovis. Gavroche et Zelda font cause commune et embarquent sur le dirigeable pour couler le navire. Églantine, l’autre espionne des républicains, a été recrutée comme nurse et accompagne le diplomate chargé par Napoléon III de tractations avec les Sudistes. La maîtrise du monstre permettra d’attaquer les Nordistes et de les écraser. L’empereur a promis des places et un frère Mauguy se voit déjà gouverneur à vie de la Californie. Tandis qu’Eglantine intrigue pour remplacer l’interprète lors des réunions, une femme, qui ressent son aura, risque de la démasquer…
À l’uchronie, Fred Duval mêle le steampunk et le fantastique. Il ajoute, dans le présent album, le vaudou et une créature préhistorique surgie du fond de l’océan. Comme à son habitude, il ne ménage pas l’action, une action débridée plaisante à suivre, avec des combats de toutes natures. Cependant, l’intrigue semble marquer le pas malgré l’introduction de nombreux éléments. Le cadre du récit est bien choisi et donne l’occasion de se remémorer toute une période de l’histoire du monde un peu oubliée. L’auteur intègre une vision personnelle de personnages historiques, comme celle d’un Victor Hugo disposant de moyens plus musclés que ses poèmes, pour s’opposer à l’Empereur.
Le Story Board est conçu par Christophe Quet qui s’est fait connaître par la série Travis, scénarisée par …Fred Duval. Le dessin est l’œuvre de Thierry Gioux, qui a déjà signé, entre autres, cinq des dix albums de la série Le Vent des Dieux. Son style tonique, fouillé convient bien à l’histoire et au cadre steampunk (avec tous les rivets). Toutefois, quelques vignettes comportent des proportions insolites pour les personnages. Par contre la couleur, qui est due au talent de Carole Beau, resplendit, enchante les planches.
Il résulte de la conjonction de tous ces talents, un album attirant, mais un album de transition après l’emballement des deux premiers tomes de la série, …pour mieux rebondir sur la suite et la fin !
Serge Perraud nooSFere 05/09/2006
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