Le professeur Morosky, un paléontologue, a été chargé par Conan Doyle de trouver l’origine d’une relique, sorte de griffe ou de dent d’une espèce inconnue. Celle-ci est trop récente pour être un fossile et elle est étrangère à toute la faune recensée. Depuis, tous les membres du laboratoire de parazoologie se mobilisent pour trouver sa provenance. Après Mokélé Membé, Kraken, Sasquatch relate la troisième enquête des personnages sur des animaux fabuleux.
Alors que Charles Nessitère est sur la piste d’un grand singe dans les Montagnes Rocheuses du Canada, à Paris, le reste de l’équipe est mobilisé. Peu à peu, Phalène pousse Morosky à livrer des informations complémentaires : l’implication de Conan Doyle dans leurs recherches et le roman, Le Monde perdu, qu’il a tiré d’une de leurs hypothèses. De plus, elle découvre que le paléontologue possède une relique identique trouvée au Maroc.
Pendant ce temps, Charles avance à grands pas dans son enquête, enquête cependant freinée par des autochtones qui le prennent pour un agent fédéral. En effet, pour eux, la Prohibition n’est pas finie. Ils ont caché la distillerie clandestine …sous l’église, avec l’assentiment du curé… bien sûr !
Philippe Menvielle brosse un récit drôle, vif, avec une intrigue qui est très agréable à suivre et réserve quelques surprises. Il approche la zoologie et les principes d’évolution des espèces. On trouve également des idées relatives au respect et à la défense de la nature. Aujourd’hui, le monde des hommes et celui des cycles naturels ne sont plus en phase. Ils deviennent, en fait, inconnus l’un pour l’autre. Et lorsque la nature reprend ses droits, l’homme s’étonne et crie : Au scandale ! Tout de suite les « Charity Business » se mettent en place et le ravage humain continue.
L’auteur porte un regard grave et ironique sur le monde scientifique et sur son fonctionnement. Ainsi, il nous fait vivre la compétition, la nécessité de faire des « découvertes », d’avoir du sensationnel, de l’inédit pour continuer à être reconnu dans le monde scientifique et …obtenir les fonds indispensables pour monter des expéditions.
Il crée des personnages truculents, comme Charles, qui assure le volet humour et joue le rôle du clown, ou Robert, cet ex-pilote de Zeppelin, chef d’une gare où il ne passe qu’un train par semaine.
Le dessin d’Olivier Martin semble, à première vue, minimaliste avec des pages où les taches d’ombre et de couleur l’emportent. Mais, il en réalise d’autres où la précision du trait, la justesse des lignes font merveille. Cependant, il préfère suggérer que montrer, laisser l’imagination du lecteur compléter le cadre donné. La couleur directe conforte le climat général de l’histoire, apporte un aspect « ancien » qui replace bien le récit dans son époque.
Crypto s’impose comme une série d’enquêtes passionnantes sur les animaux mythiques sources de légendes. À suivre assurément !
Serge Perraud
nooSFere
07/08/2006
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