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« - Qu'est-ce qui se passe, Adrien ?
- Ma chère, il se passe qu'on est suivis… Les poulets !
- Eh bien, si ce sont des poulets, il va falloir déposer une réclamation… parce qu'il y a deux choses qui ne sont pas réglementaires : la mitraillette Thompson et la taille du flic qui cherche à s'en servir… C'est un nain !
- Un nain ?!... » | |
A la recherche d'un « module » qui devrait lui ouvrir les portes d'un autre monde, Adrien se heurte à une difficulté : l'objet convoité se trouve au musée du Louvre… Heureusement, la belle Ursula, sans doute amoureuse, est une cambrioleuse émérite ! Mais l'affaire est un peu grosse, et il va donc falloir s'associer, au moins un temps, avec une bande de voleurs qui risque de devenir encombrante…
Nous voilà en 1939, plongés au cœur d'une intrigue superbement ficelée. Les relations tendues entre truands et les machinations des uns et des autres se combinent pour créer l'atmosphère d'un polar léger, agrémenté d'un suspense soutenu qui culmine dans la scène du cambriolage, dans la grande tradition du genre.
L'argument fantastique ne prend toute son ampleur qu'à la fin de l'album, dans une conclusion astucieuse d'où le lecteur peut toutefois sortir un peu frustré. Car, même si ce dénouement est tout à fait logique, l'auteur semble malicieusement se défiler pour éviter de plus amples explications sur cet au-delà tant espéré. Nous le lui pardonnons facilement, car la pirouette est habile et finalement plus intéressante que ne le serait un finale plus convenu ou d'un mysticisme pesant.
Le dessin d'Uriel est d'une grande finesse. Il croque admirablement ses personnages, qui acquièrent une densité très inhabituelle. Mais si les personnages occupent le devant de la scène, les décors sont également remarquables, à tel point que nous regrettons un instant que l'auteur ne leur ait pas accordé une place plus importante. Il a cependant choisi une narration graphique dense qui s'avère d'une extrême efficacité.
Quand le récit bascule dans le fantastique, Uriel se permet alors plus de liberté, pour notre plus grand plaisir car il se révèle aussi à l'aise dans le surnaturel que dans le réalisme.
Comme son nom l'indique, Dernier jour est une conclusion définitive, et Uriel ne s'y laisse guère de porte de sortie pour un troisième tome. Cet ensemble de deux albums forme ainsi un subtil et captivant polar fantastique qu'il serait fort dommage de manquer.
Pascal Patoz nooSFere
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