Revisitant le vaste fonds des contes et légendes, Fabien Vehlmann anime un personnage récurrent qui va, au cours de pérégrinations, être confronté aux superstitions nourries par différentes sociétés du 17è siècle. (Superstitions qui existaient avant cette période et qui perdure toujours !) Il a ainsi confronté Jean-Baptiste Poulain, le Marquis d’Anaon, à un ogre dans L’Île de Brac, aux sorciers dans La Vierge noire et à un vaisseau fantôme dans La Providence.
Pour cette quatrième aventure, Jean-Baptiste, nommé aussi le Marquis des âmes en peine, est dans les Alpes avec un régiment de dragons commandé par son cousin. Celui-ci a été dépêché par le Roi, pour traquer et abattre une bête fabuleuse qui décime les populations des villages montagnards. Ils sont sur la piste sanglante, mais pour poursuivre, ils doivent quitter la France et passer en Savoie. Un régiment ne peut se le permettre. Le Capitaine met en civil un groupe de volontaires. Cette équipe restreinte a attiré l’attention en se défendant contre une troupe de contrebandiers. Ils doivent donc se montrer encore plus discrets, au point que seuls les deux cousins, Jean-Baptiste et Xavier continuent de suivre la bête. Cependant, deux hommes seuls peuvent-ils lutter à la fois contre la rudesse de la montagne et une bête fantastique insaisissable ?
Fabien Vehlmann écrit de magnifiques histoires, confrontant, à travers ses intrigues, les fragilités humaines, les peurs et les angoisses, …à l’horreur dont l’humain est capable. Avec Jean-Baptiste, il met en scène un personnage au caractère tourmenté, un homme qui peine à vivre avec les crimes qu’il découvre et dont il doit, parfois, être acteur. Antihéros superbe, le Marquis ne sait pas tirer au pistolet et au fusil, n’a pas l’attitude extravertie des braillards, mais sait observer et interpréter les signes de la nature.
Matthieu Bonhomme semble jouer avec les lignes qu’il trace sur le papier, en faire ce qu’il veut, comme il veut. Ses traits, même peu nombreux, ont la capacité de créer et de remplir l’espace, de l’animer, de le rendre vivant. Ce n’est plus tout à fait du dessin. Il faut saluer la beauté de ses paysages alpins et la représentation de la bête. Il possède l’art de faire rendre à un visage, les expressions et les sentiments, donnant à ses portraits, qualité et réalisme.
Souhaitons longue vie à ce héros attachant, à cette série, car elle est le résultat de la conjugaison de deux talents remarquables.
Serge Perraud nooSFere 27/08/2006
|