Jean Dufaux, auteur polymorphe, approche tous les domaines de l’imaginaire et les marque de son empreinte. Qu’il se promène dans l’histoire romaine dramatique avec Murena, dans l’époque napoléonienne légère avec Double Masque, dans l’épouvante des landes celtiques avec La Complainte des Landes Perdues ou dans une Renaissance de rêve avec Rapaces, il concocte un récit toujours passionnant, donnant à ses personnages une épaisseur psychologique et humaine remarquable.
     Les apparences, le jeu des visibles, la réalité de l’être humain, de la personne, le passionnent. Cependant, il a rarement été aussi si loin dans le jeu complexe des miroirs qu’avec la présente série, faisant de Niklos Koda à la fois un espion, un diplomate, un magicien, un illusionniste, un sorcier et un séducteur.

     Avec Le Jeu des Maîtres, l’auteur revient aux sources de la série, tout en continuant de faire progresser l’intrigue et de mettre son héros face à son destin. Ainsi, il a révélé, (à la fin de Magie Blanche le précédent album) à Séléni qu’il était son père et qu’il viendrait bientôt la chercher en compagnie de sa mère. Au début du présent tome la fillette est enlevée par des individus qui ne reculent pas devant le crime. Les adeptes du club sont menacés par un mystérieux prédateur qui s’en prend à la Chambre des Replis, l’ultime sanctuaire des membres d’Osiris. Or, ceux-ci sont à Barcelone pour l’admission d’un nouveau membre et pour statuer sur le maintien ou l’exclusion de Koda après qu’il ait, au Caire, fait appel à la magie noire.
     Pendant ce temps, le mystérieux Arcane 16 s’attaque à la Chambre des Oublis, celle où dorment les secrets du passé, des secrets si dangereux que…

     Premier volet d’une aventure menée de main de maître par un scénariste au mieux de sa forme, cet album se poursuivra avec Arcane 16.

     La mise en images, signée d’Olivier Grenson est à la hauteur du scénario par un dessin au trait nerveux, avec une mise en page nette et « carrée ». Cependant, l’auteur fait preuve de fantaisie ou de distraction car, d’une planche à l’autre, les détails d’un même décor évoluent singulièrement. C’est le cas du bureau de Aïcha Ferouz entre les pages 6 et 7, où l’on peut assister à un remarquable rangement en quelques secondes.

Serge Perraud          
nooSFere          
02/01/2007