Il y a fort fort longtemps, des terriens — « ils venaient d'au-delà de l'horizon, d'un lieu lointain nommé Soltrois » — ont colonisé une planète apparemment vierge, un nouvel Eden. Mais à la suite d'une infection par des spores, les femmes ont enfanté des mutants mi-humains mi-végétaux, appelés les « verts ». Depuis, elles ont appris à se protéger de ces spores, mais les verts sont devenus une caste puissante et ont asservi les humains, que l'on appelle désormais les « servs ». A la cour des verts, le maître Jaurémon se meurt, laissant le pouvoir à son fils Djellal, un bâtard engendré par une humaine, une serv. Cela n'est évidemment pas du goût du frère félon de Jaurémon, Abélan le pleutre, qui s'empresse de faire tomber Djellal dans un traquenard tout en le faisant passer pour parricide. Exilé et assoiffé de vengeance, Djellal connaît l'amour de la Dame Verte, un être issu des « rêves de l'Arbre-Roi », puis d'une serv à qui il fait un enfant. Mais en orbite de ce monde aux allures médiévales, un mystérieux vaisseau spatial tourne...
Il est sympathique de voir aujourd'hui adapté en bande dessinée un roman de Julia Verlanger — publié au Fleuve Noir sous son pseudonyme Gilles Thomas. Sympathique et un peu surprenant, car, quelle que soit l'affection qu'on peut porter à cet auteur, cette adaptation reflète une science-fiction d'aventures un peu désuète, comme on peut en juger à la lecture du résumé ci-dessus. Le scénario, centré sur de banales intrigues de palais, nous paraît bien trop familier, de même que l'imagerie. Néanmoins, si ce premier tome recèle peu de surprises, l'adaptation s'avère tout de même nettement plus réussie que celle du Cycle de Tschaï. L'histoire demeure simple et les révélations un peu plates, mais le récit est conté de manière suffisamment attrayante pour soutenir l'intérêt du lecteur. Surtout, il se dégage du dessin une sensualité pleine de charme, renforcée par une superbe mise en couleur, avec une impression de foisonnement chatoyant qui confère à l'album tout l'exotisme séduisant d'un planet opera — et d'un « plante opera » dans le cas présent.
Reste à savoir si l'intrigue va se démarquer suffisamment des poncifs du genre pour acquérir une dimension supérieure à celle d'un banal récit d'aventures. A suivre...
Pascal Patoz nooSFere 08/01/2007
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