Le décor de ce nouveau cycle de la collection Portail se place dans une Russie de fantasy où le Tzar est un grand dragon. Au fil du temps il est devenu un tyran si cruel que le peuple, à bout, s’est révolté. Il est en passe de prendre le pouvoir dans un climat de chaos et de guerre civile, le climat classique des grands changements, des révolutions qui marquent et qui marchent. Dans cette tourmente, Ajjer, un mystérieux soldat, qui se révèle être une Amazone Drack faisant partie de la garde rapprochée du Tzar, est en fuite après l’avoir tué. Elle emporte dans ses bagages un œuf du Dragon, le seul et dernier héritier de la dynastie. Toutes les forces du pays vont se concentrer sur la chasse à ce futur enfant et de sa « nurse ». Katania, une jeune voleuse, un peu sorcière, un peu voyante, va s’attacher à elle après qu’Ajjer l’ait débarrassée définitivement d’un mari et d’un frère trop brutaux. Est-ce par reconnaissance ou simplement pour avoir une compagnie parce que : «Ici, une femme seule finit vite… et mal.» Mais la route vers l’Est est semée d’embûches. Ajjer doit payer sans cesse de sa personne, faire preuve de ses talents de guerrière…
Nicolas Pona développe un road-movie pour deux héroïnes en alliant, dans un climat de magie, de l’uchronie, de l’héroïc fantasy et du steampun. Un mélange de genres qui donne un résultat très agréable à suivre. Autour de ses deux héroïnes, il construit une galerie de personnages aux profils peu flatteurs, …surtout pour les personnages masculins ! L’auteur reconnaît, dans une interview, n’aimer mettre en scène que les personnages féminins. On s’en douterait à la clôture de ce premier album, bien que Ajjer ait une allure très androgyne.
Christophe Dubois joue avec les perspectives, les plongées et contre-plongées, pour offrir de magnifiques scènes de combats où le mouvement est primordial. Il joue également sur l’opposition entre le rouge vif du costume d’Ajjer et les paysages enneigés pour développer une chromatiques remarquable de blancs. Son trait précis, son approche synthétique, permettent une mise en valeur des personnages et surtout de leurs regards.
L’Héritier du Dragon est un premier tome accrocheur !
Serge Perraud nooSFere 28/01/2007
|