Le plus difficile, dans le job de videur que Sparte a trouvé, est d’encaisser les insultes des clients quand il applique le règlement. Écarlate pratique de plus en plus de massages psy et se drogue toujours autant. C’est pendant un « trip » qu’elle accepte d’aider un couple de clones. Ils n’appartiennent pas au même maître et elle est enceinte alors que leur race est réputée complètement stérile. Pour les mettre à l’abri, elle fait appel à Aspasia qui prête une chambre peu fréquentée, à cause de son décor, au Cythera-Island, une maison close de luxe. C’est, pour Sparte, la découverte d’un monde totalement ignoré, dans son existence …et dans ses sensations. Mis au courant, Périclès, l’ami d’Aspasia, voit une occasion inespérée de contrer Perrénius, son adversaire à l’Assemblée et de rompre son monopole sur la fabrication des clones. Il force Écarlate, par le chantage, à s’introduire, avec Sparte, dans l’usine hyper protégée…
Cette série prend à bras le corps les problèmes sociétaux liés au déracinement, à l‘immigration, à l’existence de ces exilés sans statut, mais que la société accepte cependant par nécessité pour les emplois sous qualifiés. Mais encore plus bas dans la hiérarchie, il y a les clones, des sous esclaves sans aucun droit. Avec guère plus de droits sociaux, se placent les femmes qui, dans la cité-planète Athéna, n’ont pour rôle que de pondre des enfants et de se faire les plus discrètes possible. Leur seul pendant est la prostitution organisée dans des établissements dédiés à la fête des corps. Éric Omond s’inspire également du monde antique et le projette dans un futur, sans doute pas si lointain. Il intègre fort bien tous ces éléments dans un récit qui, tout en dénonçant ces excès, n’est ni revendicatif, revanchard ou polémique. Il expose, et laisse au lecteur le soin de tirer ses propres conclusions sur ces tyrannies et sur la bassesse des citoyens qui acceptent ces états de faits. Et, comme dans la vie quotidienne, chacun aura son niveau de lecture et de révolte…
Quand au dessin de Rõcé, il est parfaitement dans l’esprit du scénario, renforçant, par un visuel déjanté et inorganique, le côté misérable de cette société. Ce trait novateur sied bien à une telle histoire, même si les proportions des personnages ne sont pas au mieux par rapport aux canons anatomiques de notre humanité.
Écarlate est une série novatrice qui mérite un intérêt certain.
Serge Perraud nooSFere 07/12/2006
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