Dans la barge qui se lance pour une première exploration du Grand Rien, chacun des participants, selon sa race, sa personnalité et le trait dominant de société où il a vécu, donne une image de ce qu’il espère trouver. Après Laureline qui rêve de guinguette au bord de la Marne, Valérian doit s’exprimer. Il est heureusement interrompu car ils arrivent vers une concrétion. Ils débarquent en scaphandres conçus par Ky-Gaï, la jeune styliste. Alors qu’ils progressent dans rien, matérialisé ( ?) par une brume impénétrable, surgit devant eux un énorme bloc de roche gravé. Pendant que le petit groupe s’acharne à tenter de le détruire, un groupe de blocs les encerclent. De derrière apparaît le triumvirat qui dirige la planète Rubanis et qui présente ces pierres comme les Wolochs, les maîtres du Grand Rien. Ici, un seul ordre règne, …celui des pierres ! Soudain, un bloc se couche, écrasant ceux de l’expédition qui n’ont pu se dégager à temps. Alors que les survivants attendent une aide hypothétique, le triumvirat rejoint un humanoïde qui se dit le maître des Wolochs. Il décrit cet univers et révèle que seul l’OutreTemps pourrait les renvoyer au chaos d’où elles viennent. Personne ne sait ce qu’est l’OuvreTemps, sauf les habitants d’une planète trop orgueilleuse, retournée au chaos… La Terre !
Avec cette saga commencée, il y a quarante ans, les auteurs continuent de nous étonner. Il est vrai qu’ils ont su se doter d’un cadre idéal pour placer leurs différentes histoires car cette saga n’a ni début, ni fin. Elle est construite selon les dispositions des auteurs. Et le paradoxe (Non ! le talent !) c’est que cela forme un tout cohérent, dès lors qu’on accepte des idées qui fondent une partie de la SF : déformations du temps, de l’espace, extraterrestres, univers parallèles…
Il faut noter que le titre de la série évolue et devient Valérian ET Laureline, en place de Valérian Agent Spatio-Temporel. Il est heureux que la véritable héroïne, celle qui porte les aventures depuis le début, qui sauve régulièrement Valérian (L’antihéros par excellence même s’il est très bon pilote) de situations périlleuses, trouve une place privilégiée, d’autant que Jean-Claude Mézières lui donne un look de plus en plus mignon.
Avec L’Ordre des pierres, Pierre (Coïncidence ?) Christin en rajoute une couche, à la fois dans les mystères et dans les révélations. Mais, en maître conteur, il apporte autant de questions, voire plus, qu’il ne donne de réponses. Il en résulte une histoire que l’on suit avec intérêt, sans cependant entrer réellement dedans et en se demandant où il veut mener son lecteur. (Le sait-il lui-même ?) Il semble, en effet, que le rythme des actions ait tendance à marquer le pas. Cependant l’arrangement des péripéties, l’humour omniprésent tant dans les situations, dans les dialogues, le choix des personnages secondaires et de leur patronyme, font que cette œuvre occupe une place à part au pinacle des séries de BD de SF.
Serge Perraud nooSFere 01/02/2007
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