C’est en étendant le linge que Mme Rutherford (fort prude) découvre un string appartenant à sa fille. Son cœur ne résiste pas à l’émotion et elle fait une « smogulation de pompe ». Avant d’expirer, elle enjoint Anémone, sa fille, à retrouver son père parti il y a vingt-quatre ans, sinon elle n’aura rien de l’héritage. Pour retrouver cet homme, qui portait « une chevelure dorée, drue, résistant à tout vent. », qui exerçait le métier de vétérinaire et soufflait dans le cul des chevaux, sa fille s’adresse à Matt Brennan, un détective qu’elle sert dans son bar. Ils doivent pénétrer dans la zone 237 dont seul un permis officiel de marchand de laitues permet l’accès. Par la contrainte, Matt Brennan obtient le document. Anémone et lui partent pour cette zone interdite où serait caché son père…
Ce « petit résumé » des premières péripéties donne une idée de la tonalité de l’histoire. C’est un récit totalement extravagant. Hermann reconnaît que : « C’est un album qui ne correspond à rien, qui ne s’insère dans aucun genre existant. » C’est drôle, vif, gai, avec un humour de type surréaliste.
La Vie exagérée de l’Homme Nylon est la première incursion, dans le scénario de BD, de Hans Michael Kirstein. Celui-ci, né en Allemagne, est illustrateur, cartooniste, éditeur de BD, etc. La rencontre des deux auteurs a commencé par une correspondance soutenue, qui s’est muée, au fil des ans, en amitié. Hermann s’est approprié l’histoire, ajoutant sa propre approche de l’humour à une histoire déjà passablement déjantée. Autour de cette recherche du père, c’est l’évocation d’une recherche d’identité, d’une place dans la société pour des individus. C’est aussi une vision peu reluisante d’une humanité où les personnages sont cupides, menteurs et tricheurs.
Hermann a mis plus de deux ans pour réaliser cet album, celui-ci s’intégrant dans les disponibilités d’emploi du temps de l’auteur, en parallèle à ses séries maîtresses. C’est toujours du Hermann, bien que ce dernier ait simplifié son dessin. On retrouve l’essentiel de son graphisme, les caractéristiques qui font reconnaître immédiatement ce style, mais moins « travaillé ». Cette présentation est volontaire pour donner plus de liberté au rythme et à l’humour. Cependant, Hermann s’est amusé à truffer ses vignettes de détails tous plus truculents les uns que les autres, soit par leur décalage, soit par le détournement que l’auteur en fait. Celui-ci reconnaît avoir été séduit par l’expérience. Elle lui ouvre des perspectives. Lui qui ne pratiquait l’ironie que pour quelques intimes, envisage d’ouvrir plus largement le cercle et de faire profiter un large public de ses dispositions pour un humour décapant.
À la vue de La Vie exagérée de l’Homme Nylon, cela promet de belles heures en perspective !
Serge Perraud nooSFere 12/03/2007
|