À la fin du IVe siècle après JC, l’empire romain s’effondre. Les chrétiens triomphent et les dieux qui ont servi Rome sont abandonnés, chassés, bannis ! Cependant quelques fidèles cherchent à leur redonner leur gloire passée. Flavien, un patricien, a pu remonter le temps pour retrouver Hélène, son épouse assassinée, et découvrir la trace de la dernière des sept prophéties qui doit fixer le sort des dieux et de Rome. C’est à travers les yeux de Sylvus, un centurion, qu’il va découvrir un rite barbare, promu par Heliogabale le nouvel empereur, rite qui exige le sacrifice d’enfants. Et l’histoire recommence, Flavien retrouve la même destinée que Sylvus : sa famille est détruite, il est envoyé en exil pour que cessent ses recherches sur ces chrétiens coupables des pires crimes pour imposer leur religion. Cela fait trois ans qu’il se morfond dans le froid et la pluie de Londinium. Parallèlement, un trafic meurtrier s’est mis en place entre la Bretagne et Rome, pour acheminer les différentes parties d’un livre, découvert récemment, sur la vie des Césars. Mais le peuple de Rome est affamé. La lutte entre les Chrétiens et les tenants des anciens dieux s’intensifie. Les Cohortes noires continuent leur parcours sanglant. Et puis Flavien est gracié par Honorius. Il peut revenir à Rome à condition de …
L’auteur jongle avec les apparences et utilise habilement l’adage : On ne voit que ce que l’on s’obstine à nous faire voir. Son érudition concernant l’histoire de la Rome Antique lui permet de jouer sur nombre de registres et de construire des situations qui vont jusqu’à l’uchronie. A partir d’événements réels et authentiques il élabore un contexte différent dans lequel il place son intrigue. S’il puise, pour nourrir son histoire, dans le mythe d’Orphée, il développe le thème avec une vision plus politique et plus ésotérique. Il oppose des couches sociales diverses facilitant ainsi des situations de conflits entre des personnages qui se situent aux limites de leurs castes. Cependant, il montre bien que les mécanismes utilisés par l’Église pour supplanter les autres religions, sont les mêmes que ceux utilisés, tout au long de l’histoire de l’humanité, par ceux qui ont voulu imposer un nouveau pouvoir. Le prosélytisme acharné de fidèles, la délation, l’étouffement de toute liberté de pensée, l’acharnement à obtenir le monopole, sont encore largement répandus aujourd’hui.
Gilles Chaillet qui connaît si bien l’univers de son scénario, prend plaisir à parler de la Rome et peut parfois se montrer prolixe, donner trop de précision par rapport à la progression de l’intrigue. Mais dans ce tome, l’auteur nous gâte en actions et rebondissements de toutes natures. Cela bouge !
L’auteur possède un trait caractéristique, issu directement de « la Ligne Claire » et de ses années passées sous l’influence de Jacques Martin. Comme ce dernier, il affirme un graphisme classique qui fait merveille pour des décors époustouflants de réalisme, une retranscription nette et précise des lieux, des monuments, de l’habillement et des accessoires. Mais, comme dans les dessins de Jacques Martin on retrouve un aspect figé des personnages et une difficulté à rendre la fluidité du mouvement.
Mais cela dit, il reste que Le Livre interdit, l’acte IV de la tragédie de La Dernière Prophétie, est un album de très haute tenue.
Serge Perraud nooSFere 18/03/2007
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