À Port-Lubard, sur l’île de Las Carapas, Krothal le terrifiant pirate, vit ses dernières minutes. Il a été vendu aux autorités par Judarioth, son second, et jure de revenir pour se venger. Avant d’être pendu, on lui coupe symboliquement cette main droite avec laquelle il a signé tant de crimes. Après sa mort, la main tranchée est mue par une énergie propre. Elle s’échappe du lieu du supplice, est récupérée par Belkazar, un puissant mage. Celui-ci n’a trouvé que cette solution pour que l’âme du pirate survive. Il va réduire la main en un gant qui prendra le contrôle du corps de celui qui l’enfilera. Et le premier à enfiler le gant, quarante ans plus tard, est Hugo Varegua, un des membres du groupe missionné par L’Alliance pour maintenir la planète Anachron dans sa civilisation médiévale. Il sert alors de support à l’assouvissement de la vengeance contre Judarioth devenu, entre-temps, gouverneur de Las Carapas. Cependant ce dernier n’est pas homme à se laisser faire et si Krothal meurt, cela sera avec le corps d’Hugo…
Si l’idée de base de La Main de Krothal est très classique, (la mise en œuvre d’une vengeance) le cadre de son traitement est séduisant avec suffisamment d’actions et de péripéties pour qu’on ait plaisir à suivre l’intrigue. Avec cette série, Thierry Cailleteau rapproche l’Anticipation et la Fantasy, mettant la magie au service des populations de sociétés moins développées technologiquement. L’argument avancé pour expliquer la présence ou non de la magie sur certaines planètes vaut son pesant d’humour. Mais à bien regarder, il peut être plausible, l’inconnu en la matière restant encore la règle. L’auteur donne, ainsi, un ton léger à toute son histoire, multipliant les jeux de mots, les situations cocasses, les allusions et les références. C’est le cas, par exemple, des quelques vignettes où Slara, la femme du groupe, doit embrasser toutes les grenouilles des douves d’un château pour redonner son apparence originale à un sorcier, transformé par son rival, en crapaud.
Joël Jurion, qui assure le dessin depuis le tome 1, affiche de plus en plus d’assurance et trouve le graphisme adéquat à l’atmosphère de la série. Il signe des décors travaillés, synthétise les personnages à l’identification facile, tout en restituant leurs expressions et jeux de physionomie.
La Main de Krothal s’inscrit dans une série agréable à suivre.
Serge Perraud nooSFere 12/02/2007
|