Octobre 1957. Un sous-marin soviétique explose en eaux profondes quelque part en Méditerranée.

     Janvier 2029. Lors d'une mission secrète dans les eaux territoriales syriennes, l'USS Nebraska dévie mystérieusement de son cap et débouche dans une grotte sous-marine non répertoriée. L'épave d'un sous-marin soviétique est échouée là, devant l'entrée d'un gigantesque sanctuaire inviolé depuis des millénaires...

     Les 235 marins de la Navy ont profané un lieu maudit. Il est trop tard pour faire machine arrière. Pour eux commence une lente et inexorable descente en enfer.

     Replongez dans l'univers horrifique de Sanctuaire !

     En 2029, un sous-marin nucléaire découvre une mystérieuse grotte immergée qui abrite les colossales ruines d'une civilisation oubliée...

     Passons sur l'histoire que l'on connaît : il s'agit d'un remake à la sauce manga de la trilogie scénarisée par Xavier Dorison et dessinée par Christophe Bec.

     On pourrait s'interroger sans fin sur la pertinence d'un tel remake et sur la légitimité de « mangas à la française » : il y a sans doute là des considérations autres qu'artistiques et notamment une volonté de séduire le lectorat du manga, qui ne recoupe pas forcément celui de la BD franco-belge traditionnelle. La tentative, quel qu'en soit le résultat, n'est pas inintéressante.

     Le succès du Sanctuaire d'origine reposait sans doute davantage sur son ambiance et sur la fascination éprouvée que sur son scénario assez simple et pas fondamentalement original. Dans cette version « manga » — c'est à dire en noir et blanc, en petit format broché, avec une qualité d'impression moins bonne, mais avec beaucoup plus de pages — , Stéphane Betbeder choisit d'étoffer les caractères sans rien modifier d'essentiel à l'intrigue initiale. Il ajoute quelques personnages de son cru : des journalistes femmes, un jeune homme qui fuit son passé d'enfant-star... Ce « garnissage » offre de nouvelles perspectives, mais nous verrons s'il apporte réellement un intérêt supplémentaire lorsque ces nouveaux protagonistes seront confrontés au Sanctuaire.

     Même si le dessin de Riccardo Crosa emprunte bien sûr certains de leurs codes aux mangas japonais, la tonalité demeure très « européenne » et, malgré d'indéniables qualités, la simplification voulue du trait nuit évidemment à l'atmosphère horrifique. Il vaut mieux ne pas comparer les planches à celles de Christophe Bec, où un subtil agencement d'ombres et de lumières suggérait une angoisse claustrophobique. On gagne ici en dynamisme ce qu'on perd en épouvante.

     L'entreprise n'était peut-être pas indispensable, mais elle demeure sympathique : le lecteur ayant apprécié la trilogie initiale sera sans aucun doute curieux et amusé de jouer au jeu des différences. Pour les autres, nul doute que ce Sanctuaire reminded tient la route et pourra les captiver... Reste à savoir si le public du manga adhérera.