Souvenez-vous, Luther Arkwright est cet être unique, capable de voyager dans le multivers. Dans cette suite au chef d'œuvre monumental publié par Kymera en 2006 — et nominé au Grand Prix de l'Imaginaire 2007, dans la catégorie Prix Spécial — , nous retrouvons l'Angleterre de l'univers parallèle 00.72.87, dirigée d'une main de fer par la redoutable reine Anne et d'où Luther a depuis longtemps disparu... Victoria, la fille d'Anne et de Luther souffre de migraines rebelles, seulement calmées par la libération d'énergie « orgone » lors de la masturbation, des migraines qui annoncent peut-être la fin du monde pour dans quelques jours, pour la date de son vingt-troisième anniversaire précisément. Car cet étrange univers steampunk est menacé par un vortex d'interférences qui absorbe l'énergie psionique des parallèles voisins...
Pour cette suite, Bryan Talbot a fait des choix artistiques à l'opposé du précédent volume : une narration beaucoup moins éclatée, qui serait presque linéaire n'étaient quelques rares incursions dans le parallèle 00.00.00 ; un dessin immédiatement lisible, au trait appuyé, en couleurs... Des choix qui dérouteront sans doute moins nombre de lecteurs, mais qui décevront peut-être en partie ceux qui avaient été, comme moi, enthousiasmés par la densité exceptionnelle et le caractère expérimental du Luther Arkwright originel. Malgré cette possible déception pour certains, force est de constater qu'Au cœur de l'Empire demeure une œuvre passionnante et foisonnante, riche sur le plan des thématiques science-fictives. Reste à voir où Talbot va nous emmener, car le récit sera cette fois publié en trois parties et en plus petit format. Vivement que l'on puisse découvrir cette aventure dans son intégralité.
Pascal Patoz nooSFere 26/02/2007
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