Dick Hérisson, dont le patronyme se rapproche beaucoup de celui d’Harry Dickson, est également détective. Il mène ses enquêtes dans les années 30 et fait équipe avec le journaliste Jérôme Doutendieu.
Ce second tome d’intégrale réunit cinq aventures parues entre 1994 et 2002. Celles-ci, qui ont pour cadre habituel le sud de la France, et particulièrement la région d’Arles, se déroulent ou se terminent en Bretagne. Ce tome est complété par un carnet de huit pages de croquis inédits.
Le détective est confronté à des affaires policières périlleuses, dans une ambiance qui suscite le mystère, dans un climat de fantastique. Ainsi :
Frères de Cendres relate une tortueuse machination, une vengeance posthume, une malédiction s’abattant sur des personnes formant pourtant un groupe solide, lié par … L’intrigue de La Maison du pendu prend pour base une série d’accidents, en fait, des assassinats motivés par un pacte avec le Diable. Le Tombeau d’Absalom met Dick sur la piste d’une série de morts parmi les propriétaires des oeuvres du peintre Valdo. Ils décèdent dans les mêmes conditions que le sujet biblique représenté sur le tableau ! Le 7eme cri confronte le détective à une épidémie de suicides qui s’abat sur les membres d’une ancienne expédition au Tibet. Leurs corps, seulement quelques heures après le décès, se retrouvent dans un état avancé de décomposition… Dans La Brouette des morts, Dick doit faire face à une série de morts par décapitation, dans la plus pure tradition moyenâgeuse…
Les intrigues de Didier Savard sont construites avec élégance, subtilité et donnent à un fond de mystère, une explication rationnelle. Bien que… Il promène son héros dans des histoires où elui-ci n’a pas le rôle du détective infaillible, sûr de lui et de ses déductions. Didier Savard le fait douter, se tromper. Confronté à l’étrange, la raison n’est pas toujours la meilleure et confrontée aux turpitudes humaines, celle-ci est désarmée et… pas toujours morale !
L’auteur a le chic pour baptiser ses personnages de patronymes absolument délicieux. C’est un régal. Il use d’un humour subtil qu’il n’est pas toujours facile de débusquer au cours de la lecture, emporté par la tension du récit. Ainsi le policier lance à Dick : « Je sais que vous adorez les pièces auxquelles il manque un puzzle.» Il fait évoluer son univers, faisant par exemple, vieillir ses personnages secondaires. Mais Dick, en vingt ans, ne prend pas une ride.
Le dessin de Didier Savard est remarquable par sa netteté, sa précision, sa clarté, dans la plus pure tradition de La Ligne Claire, si chère à l’école belge. Cependant, on peut noter sur le dernier album, La Brouette des morts, une évolution du style : le dessin est plus touffu, plus « hésitant » sur les personnages, « confus » dans les décors.
Une intégrale bien venue pour retrouver un personnage attachant dans des intrigues qui jouent avec les nerfs des lecteurs.
Serge Perraud nooSFere 27/05/2007
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