« Qu'est-ce que ce taré de Franklin a bien pu inventer pour te convaincre de le laisser réintégrer le groupe ? — Il a essayé de bouffer Carmen. — Il a... ! ! Humm... Dans ce cas... A la limite je comprends. »
La belle et fatale Carmen tente de réunir la fine équipe de braqueurs qui s'est séparée il y a six ans... après qu'elle les ait trahis ! Son but : voler une momie dans un musée, pour une soi-disant escroquerie à l'assurance commanditée par l'inquiétant M. Law...
Le scénario commence comme tout bon film de braquage ou de mercenaires. Un leader — Carmen — doit réunir ses cinq ex-coéquipiers, aux personnalités toutes bien tranchées et aux spécialités complémentaires : Cole, le beau brun ténébreux et mélancolique de l'équipe ; Franklin, son père, un génial psychopathe digne d'Hannibal Lecter, actuellement enfermé dans un asile ; Moe, un gros hacker capable d'infiltrer tout système de sécurité ; Harper, un ninja black qui purge sa peine en taule ; et enfin Hideaki, un maître des arts martiaux, qui, devenu cuistot, passe la main à sa jeune élève Miyako. Une fois les vieux comptes plus ou moins réglés, les six mercenaires s'attaquent au braquage du musée...
Une narration et un découpage efficaces — « cinématographiques » pourrait-on dire — , une bonne dose d'action et d'humour, un suspense correctement soutenu, des personnages certes un peu archétypaux mais immédiatement attachants, voilà qui amorce bien cette nouvelle série policière, qui va vraisemblablement évoluer vers le fantastique si l'on en croit la superbe première planche où la momie libérée semble semer quelques désordres... L'histoire a manifestement du potentiel.
Côté dessin, les amateurs de SF connaissent bien Benjamin Carré pour ses nombreuses illustrations de couvertures — Grand Prix de l'Imaginaire 2002, Prix Art&Fact 2006. Il est en particulier très à l'aise dans les décors urbains — où il utilise probablement des supports photographiques — et dans les ambiances de romans noirs. A la fois saisissant et familier, le dessin a un impact et une présence immédiats, qui emmènent sans peine le lecteur au cœur de l'intrigue.
Un excellent début de série, qui s'appuie sur les conventions narratives et graphiques du genre pour captiver le lecteur dès les premières pages et — peut-être — mieux le surprendre au final. A suivre avec intérêt.
Pascal Patoz nooSFere 21/03/2007
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