Un monde maritime constitué d'îles qui flottent au gré des courants : les dérivantes. Les seigneurs s'y appellent des « mestriliens », tandis que chaque ville est administrée par un « mestrîlote », équivalent d'un bourgmestre. Quand une île croise une autre île, un flot de marchands, d'artistes et d'aventuriers s'échangent marchandises, savoirs et récits. C'est sur la dérivante de Bourne que grandit la petite Papille, âgée de 8 ans, dans la taverne parentale où défilent les « mériliens », les grands voyageurs dont elle aime écouter puis dessiner les belles histoires. Mais son père a disparu depuis un an et son oncle, ivrogne invétéré, en profite pour imposer sa brutale méchanceté à Papille et à sa mère infirme, Ama. Elles fuient toutes deux de l'autre côté du lagon, chez la sœur d'Ama. Elles espèrent y bénéficier de la protection du seigneur Gorphène, mais celui-ci a perdu l'esprit après avoir affronté un dragon. Rolphène, le frère de Gorphène, lui a succédé et utilise désormais le dragon pour châtier les délinquants, qui perdent également l'esprit et deviennent ainsi des esclaves pour les mines. A peine arrivée, Papille est le témoin d'un vol : un étrange gnome dérobe une plante à laquelle semble particulièrement tenir Rolphène. Les ennuis continuent et sa mère est rapidement condamnée à subir le « souffle du dragon »...
Si le scénario contient un certain nombre d'éléments relativement conventionnels — à commencer par l'oncle tyrannique qui veut prendre la place du père — , il recèle également nombre d'aspects intrigants qui retiennent rapidement l'attention du lecteur — tel ce dragon qui rend fou ou cette mystérieuse plante si convoitée. Ce premier album bénéficie en outre d'un rythme tonique, d'un graphisme vivant et remarquablement lisible, de couleurs fraîches et agréablement lumineuses, toutes choses qui lui confèrent une énergie revigorante. Petits et grands se laisseront ainsi facilement aller à la dérive en compagnie de la jeune et turbulente Papille, bien partie pour de nombreuses et prometteuses aventures « mériliennes ».
Pascal Patoz nooSFere 07/05/2007
|