« Depuis l'aube des temps l'homme est fasciné par ce qui se cache dans les profondeurs des océans... La mer est trop grande, trop grande pour l'homme ; même s'il lui consacre sa vie entière, il n'en verra qu'une infime partie, et comme dans les jungles terrestres, les réalités de la vie sont plus étonnantes que les fantaisies élaborées par les écrivains de science-fiction. »

     En 1993, des plongeurs employés par Carthago — un groupe industriel chargé de l'extraction de gaz et de pétrole dans le Pacifique Sud, dirigé par un individu défiguré — ont découvert une gigantesque grotte sous-marine abritant une faune supposée disparue — dont le gigantesque mégalodon, le plus redoutable prédateur de notre planète, l'ancêtre du grand requin blanc... Pour ne pas risquer de voir le site devenir inexploitable, les dirigeants de Carthago ont pris la décision de cacher à tout prix cette information.

     Quatorze ans plus tard, des documents refont surface et tombent dans les mains d'un groupe d'action écologique, Adome. Avec l'océanologue Kim Melville, dont la fille semble entretenir de troubles relations avec les animaux marins, Adome va lancer une expédition à la recherche du Megalodon.

     Mais l'océan referme sans doute bien d'autres mystères, dont ce quelque chose « bien trop important pour être révélé à l'humanité » qui a fait renoncer le commandant Bertrand à poursuivre lui-même une monstrueuse créature en 1991...

     Après Sanctuaire, voici une nouvelle histoire de grotte sous-marine, dont Bec assure cette fois le scénario. Pas de maléfique cité engloutie, mais une autre sorte de « Monde perdu » (cf. Sir Arthur Conan Doyle) où survivent encore des créatures préhistoriques.

     L'ambiance demeure lourde et angoissante — la claustrophobie est décidément un élément récurrent chez Christophe Bec. Le rythme est celui d'un thriller découpé en brefs épisodes de quelques pages qui s'enchaînent de manière rigoureuse, sans temps morts. Dense, le propos exprime avant tout une fascination face aux mystères de notre planète, plus qu'une idéologie écologique au sens politique du terme — même si l'écologie est évidemment l'un des moteurs de l'intrigue.

     Précis et remarquablement lisible, le dessin de Eric Henninot sait se faire sombre dans certaines scènes sous-marines angoissantes, mais se montre plus souvent lumineux dans bien d'autres scènes, avec une variété de tons et de décors qui séduit rapidement.

     L'ensemble forme un passionnant thriller sur un thème relativement classique mais revisité en une version moderne et sous-marine qui emporte la conviction. D'autres éléments sont mis en place — les possibles pouvoirs de la fille de Kim, le secret du commandant Bertrand — et devraient encore enrichir ce récit déjà immédiatement captivant. Voilà qui promet une grande série...