Pour son « cinquième dossier » (en deux albums), l'équipe d'Imago Mundi se rend en Angleterre afin d'examiner et de cartographier la fameuse butte préhistorique de Silbury Hill, qui menace de s'effondrer et nécessite une consolidation. Mais voilà que cette paisible mission se heurte d'une part à l'intervention de manifestants inquiets des possibles radiations utilisées par Imago Mundi, et d'autre part à l'apparition de crop circles dans les champs de blé alentours. Quelques ufologues illuminés y voient l'annonce d'une arrivée d'extraterrestres et veulent que l'agence stoppe ses activités sur le site...
Encore une fois, cette série mélange agréablement l'archéologie, la haute technologie, l'ésotérie, le paranormal, la sociologie et divers autres domaines au sein d'une enquête scientifique de haut vol. Encore une fois, l'intrigue est bien menée, avec nombre de mystères et de rebondissements susceptibles de captiver le lecteur. Encore une fois, le dénouement s'avère décevant, les auteurs ne réussissant pas à apporter une conclusion aussi stimulante que l'était le mystère initial... ce qui entraîne une sensation de frustration : tout ça pour ça ? En effet, en voulant apporter une explication rationnelle et strictement réaliste à divers phénomènes excitant l'imaginaire collectif — un objectif pourtant louable face aux diverses dérives du soi-disant paranormal — , les auteurs désamorcent en grande partie le suspense et donc l'intérêt de leur série. Par exemple, on a ici affaire à un célèbre site préhistorique et aux non moins fameux « cercles » tracés dans les blés. La colline renferme un objet mystérieux... dont la nature s'avère finalement des plus quelconques ! Quant aux cercles, ils auront une double explication : la première est un phénomène naturel intéressant mais qui mériterait d'être développé de manière plus convaincante, quitte à s'envoler un peu vers la science-fiction ; la seconde, la plus « raisonnable », la plus évidente — et du coup la moins intéressante — demeure paradoxalement improbable — comment un mathématicien, même amateur de Fibonacci, s'y prendrait-il pour sculpter des cercles de cette taille aussi parfaits ?
Bref, c'est avec un sentiment mitigé qu'on referme ces deux albums qui évoquent un peu trop un téléfilm formaté : un thème racoleur mais « racheté » par une validation scientifique rassurante, des personnages sans grande consistance mais relativement sympathiques, une réalisation correcte avec notamment un dessin réaliste aussi irréprochable qu'assoupissant, une vertu distractive qui permet de le visionner sans déplaisir, une neutralité qui facilitera l'oubli de l'intrigue dès la dernière page tournée...
Pascal Patoz nooSFere 02/07/2007
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