Sébastien Lenfant sait qu’il va mourir …dans deux mois ! Il a entre les mains une photo qui le représente, dans son appartement parisien, vidé de son sang par un poignard fiché dans la gorge.
     Tout a commencé quand il a, par contrainte presque par chantage, décidé son amie Ariane à le suivre en vacances à La Baule chez sa tante. Comme l’entente dans le couple est à l’orage, Ariane file à la plage pendant qu’il reste à la maison. Sa tante, heureuse d’une compagnie, bavarde et lui apprend que la maison a été habitée par Maurice Leblanc, pendant quelques jours de juin 40. Celui-ci est parti brusquement laissant quelques affaires, remisées depuis au grenier.
     Ce n’est que quelques heures plus tard que Sébastien réagit. Il va devenir le directeur commercial dans la société d’édition de BD où il assurait déjà l’animation du réseau de diffusion. Il voit l’occasion de dénicher quelques pièces pouvant soutenir la vente des aventures d’Arsène Lupin adaptée en BD par sa société. Mais seul un document retient son attention. Écrit au crayon de la main de Leblanc, ce texte relate la rencontre de l’auteur avec le comte Lars Heine-Huppin. Mais celui qui servira de modèle pour Lupin est bien différent du héros au grand cœur. Il est à la recherche d’un secret pour lequel il n’hésite pas à tuer. Les morts se succèdent…
     Sébastien Lenfant peut-il forcer le destin et changer son futur ? D’autant qu’Ariane, émoustillée par les mystères et le danger, le regarde avec un œil nouveau !

     Utilisant un monument de la littérature populaire mondialement connu, Christian Godard met en scène une histoire singulière mêlant aventures, mystères, fantastique et thriller. Reprenant des bases on ne peut plus réelles, il fait dériver l’intrigue vers des domaines relevant de la SF, comme la prévision du futur. Avec Sébastien et Ariane, il met en scène deux personnages au comportement très moderne dans les relations avec leur environnement. Outre Maurice Leblanc, il implique également dans son récit Jacques Déthouard, le biographe officiel de l’auteur, et lui donne un rôle actif dont on ne perçoit pas encore toutes les implications. Les décors sont variés et plaisants à découvrir, même si le village de Cran-sur-Jorioz, que Maurice Leblanc situe dans le Jura, se retrouve quelques pages plus loin, par les énonciations de Sébastien, dans les Vosges. Bah ! La confusion est facile, les deux massifs ne sont-ils pas voisins ? Mais passons sur ces « pinailleries » car l’auteur maîtrise une intrigue tortueuse, jouant entre actions et péripéties, entre passé et présent et maintient une tension et un suspense jusqu’au terme  de l’album. Et on en redemande !

     Claude Plumail, qui a déjà beaucoup travaillé avec Godard, en particulier sur la mythique série du Vagabond des Limbes , signe un dessin solide, avec des décors travaillés. Les personnages du présent ont encore besoin d’être stabilisés, surtout Ariane, alors que ceux du passé sont d’une grande qualité. Si la mise en page est sage, elle sied cependant parfaitement au contexte.

     Le Manuscrit, premier volet de Dédales entre dans le vif du sujet et nous plonge dès l’abord au cœur d’une action palpitante et donne une vision différente de la personnalité de l’auteur des aventures de Lupin. C’est beau comme du Lupin !

Serge Perraud          
nooSFere          
28/06/2007