Jean Poldonsky est artiste peintre. Il tente de s’adapter à la demande de la clientèle qui désire une peinture plus claire que la sienne, mais sans succès. Pour se détendre et favoriser l’inspiration, il part se promener sur les quais de la Seine. Un homme, apostrophé par un fabricant de cartes de visite à la sauvette, déclare Génie en guise de profession. Interpellé par le personnage, Jean l’aborde, mais la discussion tourne court. Rentré chez lui, il essaye de se motiver pour le travail, quand Armande, son amie, arrive. Bien vite, son bavardage l’opportune et ils se séparent …avant la dispute.
Il décide alors de faire le portrait de l’homme de génie et finit par se rendre chez lui, grâce à la carte que celui-ci lui avait remise. Celui-ci l’entreprend sur la causalité qui gouverne les rapports au monde. Et ce peintre incompris, mal dans la société et dans la réalité, à l’avenir incertain, peu à peu découvre une autre réalité. il voit vieillir les objets et les êtres à un rythme accéléré. Il est devenu, contre son gré, le sujet d'une expérience. On lui a donné la possibilité de voir l'avenir, mais quel avenir !
Jacques Spitz (1896-1963) est un auteur français qui se signala, particulièrement durant les années 1930, par une série de romans d'anticipation dans l’esprit de Jules Verne ou de Maurice Renard. Ses oeuvres les plus connues restent La Guerre des mouches et L’Homme élastique.
C’est L’Oeil du Purgatoire, un livre paru en 1945, que Jean-Michel Ponzio a choisi de scénariser et de mettre en images. Dans ce roman, le héros est confronté à un voyage dans le temps où il anticipe l’usure du monde. Ses yeux ne lui révèlent qu’un univers vieilli, des êtres décrépis, voire décomposés, que ce soit les individus qu’il croise, les vêtements… Ainsi : « toute nourriture m’apparaît sous une forme avariée… Vin, bière, limonade, tout est de la même couleur de pisse. »
L’auteur a cerné la richesse du sujet, isolé les étapes essentielles du parcours, synthétisé l’esprit que l’auteur a insufflé dans un récit qui traite de l’absurde avec logique. Dans un découpage minutieux et dynamique, Jean-Michel Ponzio a su prendre en compte l’ambiance du récit, la nature du héros, son désarroi et sa dérive face à la situation qui arrive et qu’il ne comprend pas.
Il met en scène les personnages dans des teintes sombres accentuant le mal-être du personnage. Le dessin, fondé sur une base photographique, renforce le réalisme tout en gardant la fluidité des mouvements et la dynamique des gestes.
Il en résulte un traitement graphique remarquable pour un album qui l’est tout autant.
Serge Perraud
nooSFere
02/07/2007
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