En 2010, au service des urgences psychiatriques de Sainte-Anne, Richard Cordeau découvre, par le judas d’une cellule d’isolement, Marina Daumal, sa collègue journaliste, dans un état de choc mental. Elle rédige feuillet sur feuillet. Le policier, qui l’a convoqué, cherche à savoir pourquoi cette femme errait au matin du 1er janvier dans les couloirs de la Grande Bibliothèque. Le psychiatre lui confie une copie des écrits de Marina, lui demandant de les lire et de lui indiquer une quelconque piste permettant d’identifier la source du traumatisme. De plus, elle est soupçonnée de meurtre !
En 1233, frère Ayguemard, un moine maudit attend avec impatience : « l’heure d’aller nourrir les charognards ». Il raconte son parcours, comment et pourquoi il en est là. Il était copiste, le meilleur, et son abbaye l’avait dépêché au castel de Pierre de Croz pour réaliser un double de L’Apocalypse de Béatus. Mais très vite le comte part en campagne pour le roi, laissant Blanche, son épouse, au château.
Un troisième personnage, venu semble-t-il du futur, se pâme devant le rayon librairie de la FNAC. Il n’a jamais vu autant de livres intacts !
Le lien entre ces trois personnages est un volume qui cache un secret mystérieux, mais qui attise tant de convoitises que la vie ne vaut pas chèr…
Le livre mystérieux qui génère une malédiction est un thème si souvent utilisé dans les scénarii où on souhaite marier présent et passé, mystique, mystère et fantastique… que l’on peut nourrir, face à cet album, quelques craintes, se dire qu’on est devant une reprise de plus d’un sujet déjà traité à l’envi et que… Et bien, c’est la surprise ! Sébastien Viaud donne un éclairage novateur au sujet. Bien sûr, d’aucuns, parmi les plus teigneux, ne pourront s’empêcher de dire : « Il s’agit d’un livre maléfique de plus ! » Certes ! Mais la traque de l’héroïne, le parcours du moine et l’intrusion du futur ouvrent des perspectives encore peu utilisées.
Le dessin d’Adrien Villesange, à la fois réaliste et poétique, offre un visuel attrayant. Les personnages sont particulièrement réussis et il faut noter la grande stabilité des traits de ceux-ci. Ceci n’est pas si courant. Si nombre de vignettes donnent un décor minimaliste, d’autres comportent des perspectives grandioses.
Mémoires vives est l’une des très bonnes surprises de cette fin de premier semestre 2007, pour la mise en place intéressante d’une intrigue intelligemment construite, avec un dessin très agréable à l’œil.
Serge Perraud nooSFere 11/07/2007
|