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Tu sais, ces crabes plus ou moins entiers, ces pinces, ces antennes, ces pattes, ces carapaces, ils attendent d’en avoir assez pour commencer à les assembler, les coudre, les souder… Et le créer… Lui ! L’horrible, l’indicible, l’écoeurant, l’inconcevable, l’innommable… Lui… ! Le monstre qui mangera le monde !
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Bernardino, avec trois autres enfants, a crée la Confrérie du Crabe. Celui-ci explique les raisons de leur présence, décrit les soins dont ils sont l’objet, à un cinquième enfant qui reste prostré sur son lit. Ils ont tous un crabe dans le corps. C’est pour qu’on leur ôte ce qui les infecte, que leurs parents les ont placés dans cette institution. Ils sont réunis dans cette chambre pour être opérés le lendemain. Une religieuse leur attache, avant qu’ils ne dorment, un ballon au bras, en vue de l’intervention. Au réveil, le petit groupe découvre un univers fantastique, proche de celui des morts. Tout est délabré et les toiles d’araignées, les cadavres desséchés, fleurissent…
Ce qui frappe d’abord dans cet album, c’est le travail graphique de Jean-Baptiste Andreae, tant sur le dessin que sur les couleurs. Avec des teintes brunes, bleutées qui rappellent celles d’un Guillaume Sorel, ses planches en couleurs directes sont magnifiques. Il réalise des monstres plus vrais que nature et restitue, avec bonheur, l’ambiance lugubre qui sied au fantastique et qui règne dans ce gigantesque château, aux dimensions improbables. L’auteur qui s’est déjà fort bien illustré avec Mangecoeur et Wendigo (déjà avec Mathieu Gallié) ou Terre mécanique démontre ici, plus que jamais, son aisance et son talent d’illustrateur.
Mathieu Gallié, en parallèle à Algernon Woodcock qu’il nourrit avec des légendes écossaises, débute ici une nouvelle série, mettant cette fois à l’honneur un bestiaire fantastique. Il anime des monstres tels que le loup-garou, le vampire, (s’inspirant du plus célèbre d’entre eux : le Nosferatu) les goules… et je pense qu’on ne s’arrêtera pas là. Le passage d’un établissement hospitalier, certes assez vieillot, à un décor de château hanté est réussi. Le choix du crabe, autre nom du cancer, pour cette histoire est aussi la possibilité d’exorciser la maladie et la peur, voire la terreur, qu’elle suscite.
La Confrérie du crabe : Première partie est un album superbement illustré, à l’histoire surprenante et attrayante. Prévue en quatre tomes, souhaitons que cette série confirme son bon niveau.
Serge Perraud nooSFere 23/07/2007
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