Dustin Godfinger est né avec deux mains gauches. Mais cette seconde main a un don. Sous l’effet d’une forte émotion, elle transforme ce qu’elle touche. C’est ainsi que Dustin a pu échapper à la mort en changeant une araignée en une pièce de bois, un chien féroce en bûche… Dustin continue de se remémorer sa vie, de se rappeler son parcours et les situations qui l’ont amené à ce qu’il est : un être abject, un monstre prétentieux, comme le lui crache Mimsy, une ravissante femme, à la figure. Après avoir été terrorisé par le patron d’un cirque, exhibé de nombreuses années, il est enlevé par Ivanna. Celle-ci entend profiter aussi du don de Dustin et veut le contraindre, mais sans brutalités physiques, à transformer les objets en …or ! Malgré tous ses efforts, c’est un échec et les années passent… Pourtant, un jour, contre toute attente… Puis, une nouvelle fuite où, pour subsister, les circonstances l’amènent à pratiquer la boxe, un sport qui flirte aussi avec les puissances de l’argent. Dans ce domaine, deux mains gauches peuvent-elles également faire merveille ?
Décidément, aucun sujet n’est étranger à Éric Corbeyran. Il sait jouer avec toutes les facettes de l’art dramatique, toutes les situations de crise et aborder nombre de sujets épineux, touchant tant la morale que les faits de société. Avec Dustin, l’auteur nous interpelle sur la nature des dons, sur l’usage qui en est fait. Mais au-delà, c’est sur notre nature humaine qu’il s’interroge, sur ce qu’est l’homme et sur les conséquences que nos choix peuvent induire tant pour nous que pour les autres. Il dresse, autour de son héros, une galerie de personnages, aux caractères extrêmes, presque caricaturaux pour exprimer nos différences.
Cette histoire est relayée de façon splendide par un Gil Formosa au mieux de sa création. Celui-ci invente, pour l’occasion, des portraits saisissants, des décors grandioses et rend palpable la dynamique du mouvement. Il propose des cadrages et des angles de vue remarquables, renforçant le dynamisme engendré par son trait épais et appuyé.
Ivanna, le second tome de Double Gauche confirme l’excellente impression laissée par le premier. Du beau travail pour une série hors normes !
Serge Perraud nooSFere 19/08/2007
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