La parodie est un exercice salutaire pour le genre qu’elle égratigne. Elle permet de prendre du recul par rapport à ce genre, d’en montrer ainsi les faiblesses et les travers, mais aussi d’en révéler la richesse et la qualité.
Jason le magnifique se meurt dans une masure perdue dans des marais. Il revient sur sa vie, quand il était un valeureux guerrier, un chasseur de primes réputé. Il se revoit, allant à la demande du roi, délivrer sa fille Tamina des griffes des Koffons qui veulent l’offrir en sacrifice à leur dieu immonde. Délivrée, mais droguée, la princesse n’a de cesse d’aller à la rencontre de Megaron, (dit Ronnie) un colosse à la tête de porc, enchaîné par un sort. Il s’ensuit un combat entre les deux guerriers dans lequel Jason perd ce qui lui valait son surnom. Il aura désormais une face tuméfiée, quelques dents en moins… Tamina propose de revenir au palais pour présenter Ronnie à son père. Ce dernier est dans une colère noire. On lui a ramené une Drosophila Mélanogaster Rex, la seule mouche qui manque à sa collection …morte. Pour départager les deux rivaux, il décide que sa fille épousera celui qui lui ramènera un spécimen vivant. Et voilà deux valeureux guerriers engagés dans une quête épique…
Mathieu Sapin nous offre un récit d’héroïc-fantasy réjouissant, mené de façon trépidante, sans temps morts, ni essoufflements, concentrant tous les ingrédients d’une épopée épique. Il fait usage de tous les poncifs du genre et les tourne en facétie. Il reprend un vocabulaire pompeux qui va fort bien avec le ton grandiloquent de nombre de récits du genre. Mais, outre l’humour direct, il introduit un second degré et nous fait vivre le début d’une saga riche en trouvailles, pleine d’actions, d’aventures et de drôlerie.
Le dessin de Patrick Pion, qui signe habituellement des histoires moins déjantées, est en parfaite harmonie avec la tonalité générale de l’album. Il donne si bien corps et vie à ces personnages qu’on ne peut que difficilement en imaginer d’autres.
Le mage exilé, le premier volume de Megaron, est un album au scénario original. Il ravive singulièrement l’image de l’heroïc-fantasy.
Serge Perraud nooSFere 18/09/2007
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