Daniel Daremberg est persuadé qu’il a la faculté de s’immiscer dans les pensées d’autrui. C’est ainsi qu’il a découvert que des créatures surgies d’une réalité parallèle vivent parmi nous. Mais comment le pensionnaire d’un hôpital psychiatrique peut-il convaincre son entourage de cette révélation ?
     Si Daniel est jugé apte à vivre hors d’un milieu protégé, il n’en n’a pas fini, pour autant, avec ses psychoses et ses chimères. Aussi, quand il rechute, le docteur Lydie Huygens décide de poursuivre la thérapie, chez elle, dans sa maison de Bretagne. Mais là, elle découvre la réalité des « illusions » de Daniel. La maison est encerclée par des individus menaçants !

Le troisième volet du récit s’ouvre sur Daniel qui décide d’affronter le danger. Ses phantasmes lui soufflent que sa détermination doit être au moins égale à celle de ses ennemis. Pour se conforter, il s’inspire de la geste de Cúchulainn. Mais deux créatures ailées le capturent avec un filet et le mettent en garde, s’il poursuit son action : attention au retour de ses souvenirs !
     …Et ceux-ci affluent. Il se rappelle de sa mère, de son attitude quand il a perdu son père, quand elle s’éloigne de lui, s’engage vers des jeux pervers et …dangereux. En proie à ses démons, à ses souvenirs, il prend l’identité de Bellérophon qui dompta Pégase et anéantit la Chimère…

     En mixant habilement mythologies et psychiatrie, thriller et fantastique, Thomas Mosdi offre une histoire torturée qui fait la part belle à l’action, une action qui s’étale dans le temps et dans l’espace. Peu à peu, l’auteur nous livre les clés du comportement de son héros. Il entre ouvre les portes de son inconscient, nous montre la constitution et la construction  de son monde imaginaire et en explicite les causes.
     Utilisant des éléments de la mythologie méditerranéenne avec la Chimère et Bellérophon, de la mythologie celte irlandaise avec la geste de Cúchulainn, (un quasi-dieu aux pouvoirs magiques et aux soutiens divins), qu’il mêle à la réalité, l’auteur construit une intrigue d’une grande richesse. Il joue avec toutes ces données, les fait s’entrecroiser, interagir avec cohérence et avec une précision digne d’un faisceau laser. L’originalité de l’histoire porte sur cette conjugaison de réalité et d’imaginaire, pour les sentiments humains le plus forts, ceux qui structurent une personnalité équilibrée, et dont l’absence ou l’altération amène de gros dégâts comportementaux.
     Thomas Mosdi nous livre une chute aussi inattendue que spectaculaire.

     Le dessin de Béhé est de plus en plus beau, dans son dépouillement. Il met de la légèreté dans la progression des vignettes et rend parfaitement l’inquiétante folie dans le regard de son héros !

     Une série incontournable !

Serge Perraud          
nooSFere          
28/07/2007