L’enfant-precog se meurt ; il a muté et son cerveau a fait éclater l’enveloppe contenant le liquide amniotique nécessaire à sa survie. Mais avant de mourir, il reste dans son rôle et prévient qu’un grand danger menace la communauté avec l’arrivée d’un homme-cochon. Le Maître Gucco, devant la catastrophe, soupçonne qu’une volonté cherche à lui nuire.
Sur la terre désertique, dans une nature hostile, quatre individus progressent : des jumeaux philosophes devenus incompréhensibles, un être contrefait et… Raul, l’homme-cochon ! Celui-ci raconte à son compagnon qu’il était un homme élégant, sensible aux subtilités de la vie et qu’il s’est réveillé dans cet état. Il est à la recherche du mage Zyto, qui seul peut lui redonner son apparence… mais le désert est là et la faim leur taraude l’estomac. Pendant ce temps, Gucco, qui vient de s’empiffrer, redoute la visite de l’inspecteur de la Fédéral Food Corp…
Yacine Elghorri décrit un univers à la fois catastrophique et burlesque : la terre est morte, la nourriture synthétique ne provient plus que des centres encore en fonctionnement, les factory ! L’auteur ne fait pas dans la dentelle pour les portraits qu’il dresse, l’environnement qu’il décrit et les scènes sanglantes qu’il nous dépeint. Dans ce monde délétère où la couleur rouge prédomine, il prend pour cible nos propres travers et la propension de l’être humain à ne voir que par l’aune étroite de sa propre vision et de son égocentrisme. Il pratique avec bonheur un humour noir qui fait mouche, comme avec Gucco, une caricature d’un dictateur geignard uniquement centré sur sa « glorieuse » personne.
Dans ce premier volume, l’auteur dresse le cadre, définit le contexte, plante le décor et décrit la société, ses structures et son fonctionnement, …en laissant planer nombre d’interrogations. Il nous offre une fable sur la société humaine, sur la capacité de ses membres à s’adapter et à intégrer toutes situations.
Le volume 1 de Factory interpelle et on attend la suite...
Serge Perraud
nooSFere
10/08/2007
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