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Dans une île tropicale, une maladie mortelle fait rage. Le capitaine Abatirso et sa soldatesque espagnole ont fait des prisonniers. Les valides doivent enfermer les malades dans une casemate et les brûler en répandant du pétrole par les cheminées. Seul Dathicino se révolte, ce qui lui vaut d’être envoyé, par le capitaine, dans un camp d’expérimentation tenu par des « médecins » qui cherchent un remède à la maladie. Dans la cité Syyanas, la jeune Initsii vient en aide à ceux qui sont contaminés. Une de ses compagnes lui apprend que les malades, lors des attaques espagnoles, servent de boucliers aux guerriers. Folle de rage, elle se rend chez son père, le Grand Prêtre, le chef de la communauté indienne. Celui-ci lui fait revivre les circonstances qui font d’elle une personne précieuse pour son peuple, puisqu’elle est devenue l’héritière. Dans ce monde clos, avec cette menace de mort qui pèse sur les corps et sur les esprits, la folie et la barbarie, peu à peu, gagnent…
Le récit est porté par les trois personnages principaux dont nous suivons les parcours. Ceux-ci empruntent les différentes étapes mises en œuvre par les espagnols pour la conquête de l’Amérique du Sud. Mais les auteurs introduisent, en plus des fléaux dus au climat qui ont touché les Conquistadors, une maladie contagieuse, (lèpre, peste…) qui réclame son dû d’êtres humains. Ils nous donnent, sans complaisance, une leçon sur la capacité de bestialité et d’ignominie de l’homme quand il s’agit de sa propre survie. Si la présence et le poids de la religion restent, dans ce tome, relativement faibles, par contre les ravages de la « médecine », dans les centres d’expérimentation, sont aussi efficaces, sinon plus, que ceux de la maladie. Avec ces éléments, les auteurs construisent une histoire forte, dure, terrible et nourrissent leur intrigue de péripéties et d’implications à la fois sociales et humanistes.
Le travail graphique d’Ignacio Noé est remarquable. Il a su retrouver l’esprit et la tonalité des dessins et peintures des civilisations anciennes de l’Amérique du sud. Il donne vie à ses personnages qui, malgré leur aspect massif, possèdent une véritable dynamique. La mise en couleur, avec ses tons bariolés, ses taches lumineuses et vives est parfaitement réussie.
Helldorado est une série digne d’intérêt, dont la richesse, cependant, ne se laisse dévoiler que peu à peu.
Serge Perraud nooSFere 15/01/2008
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