Si la religion cathare n’avait pas existé, combien d’œuvres littéraires, de scénarii, de romans historiques et d’histoire n’auraient pas été écrits ? Mais il est vrai que ce courant religieux est fascinant tant par son idéologie, son origine, son développement, que par les tragédies qui ont conduit à sa disparition.
Pour le scénario de la présente série, Maryse Ruellan prend comme point de départ l’épilogue du Catharisme. Le premier tome débute en 1244. À Montségur, la fin est proche. Quatre Parfaits sont chargés de sauver le trésor de leur Eglise. Parmi eux, Aliénor et Asaliah, qui étaient sur Terre pour conjurer le Mal, s'éprennent l'un de l'autre et provoquent l'échec de leur mission. Le Monde est plongé dans la barbarie.
Aline, une jeune femme d’aujourd'hui. est fascinée par les ruines des châteaux cathares. Victime d'une agression, elle est secourue par l'historien Azal. Partageant la même passion, une grande complicité s'installe entre eux. Mais elle se retrouve face aux fantômes du passé. Elle rêve au lointain Gauthier et à sa nièce Adeline qui a les mêmes traits qu’elle. Ceux-ci, au Moyen Age, ont travaillé sur le manuscrit de Saint Dagobert, un manuscrit qu’Aline retrouve chez le libraire Antonin. Elle cherche à comprendre, aidée par Azal qu’elle a l'impression de connaître depuis bien longtemps. Mais le manuscrit intéresse bien des gens car il contiendrait des clés de nombre d’énigmes. Il disparaît alors qu'il avait été confié à la Bibliothèque Royale de Bruxelles. Et qui est ce mystérieux petit homme noir, capable d’endosser tant de personnalités pour nuire à Aline ?
Le dernier tome s’ouvre au mont Saint-michel où Azal donne des conférences. Une fois encore l’homme noir met la vie d’Aline en péril.
L’idée de base du scénario de Maryse Ruellan est novatrice. Mais elle ne se borne pas à relater une fois encore les bûchers de Montségur. Elle croise différentes voies ésotériques, pour constituer un ensemble qui forme une histoire érudite. En effet, si le tome 2 était particulièrement riche en commentaires historiques et en narrations diverses, le tome 3 est à l’avenant. L’auteur dresse un catalogue des grandes sources ésotériques et nous transporte du Mont Saint-michel, à Malte, du château d’Anjony, en Auvergne, aux loups du Gévaudan….en une succession de tableaux qui ne semblent pas avoir de liens. On peut craindre que cette accumulation de références nuise à l’ensemble, car il donne l’effet d’un patchwork de croyances et de légendes. Mais l’auteur maintient le fil de son histoire et les personnalités complexes d’Aline et d’Azal justifient cette compilation et il nous emmène vers une conclusion inattendue.
Le dessin de Ersel n’a pas cessé d’évoluer au fil des tomes. Pour ce troisième opus, il nous offre un graphisme réaliste voire académique, détaillé, dynamique, précis qui fait merveille pour mettre en scène ce scénario aux nombreux prolongements, qui nous promène à travers une Europe actuelle et la France du médiéval religieux.
Les auteurs, chacun à leur manière font de ce troisième tome une réussite. Il ne faut pas craindre de relire les autres avec attention pour découvrir tous les ressorts de l’intrigue. Les derniers jours de la Géhenne est une série qui se mérite.
Serge Perraud
nooSFere
08/07/2008
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