Syria d’Arcos rencontre Elysandre, la Lumière des martyres, dans une mosquée nichée au cœur d’une palmeraie sécurisée par le traître Osarias. Elle veut délivrer sa famille de la malédiction qui pèse sur eux depuis qu’un des aïeux s’est lié avec le Qua’dj, le démon qui rampait au pied de la Croix. Elle demande aussi la victoire dans la bataille que son père va engager pour délivrer le tombeau du Christ. Si la Lumière des Martyres ne fait pas de promesse, elle lui laisse un miroir qui montre l’exacte vérité, ce qu’il y a derrière la peau. Se mirant, pour vérifier si elle ne voit pas un démon, elle aperçoit, par contre, un homme qui la menace. D’un revers, elle le tue. Pendant ce temps, la discorde s’installe entre les trois hommes chargés de mener une armée de quinze mille hommes à la bataille. Si, se méfiant des tempêtes de sable, Gauthier de Flandres, le gendre de Grégoire d’Arcos, préconise l’attente, comme son beau-père, Robert, duc de Tarente est un va-t-en-guerre. Et depuis toujours la voie de la paix est très faible que… Dans Hiérus Halem, Ab’Dul Razim, (Saladin) le chef incontesté des Sarrazins, est de retour. Il contrôle le Saint-Sépulcre. Mais, comme Grégoire d’Arcos, il n’est guère favorable à la guerre. Cependant, le Prophète Mamudi, par la voie du Mufti d’Alcar, n’est pas de cet avis…
L’Histoire officielle enseigne que huit croisades se sont succédées entre 1095 et 1291. Pourtant, une neuvième a été menée, en 1270, avec si peu de résultats, qu’on a préféré l’oublier. Jean Dufaux se base sur l’effacement de cette croisade, mais déplace son scénario à l’époque de la troisième, vers 1191, pour conserver l’élan spirituel qui habitait encore celle-ci. En effet, les suivantes ont eu des motivations moins sacrées, plus « économiques ». L’auteur utilise le terme de X 3 pour désigner le Christ, enfin le corps de celui qui est dans le sépulcre au cœur de Hiérus Halem. Il utilise, tout au long de son récit, le symbolisme fort du chiffre 3. Ainsi, il met en scène 3 peuples, 3 femmes qui jouent un rôle majeur et 3 hommes qui se combattent. La compétence en matière historique du scénariste n’est plus à démontrer et ce passionné anime, dans sa fiction, des personnages historiques, reflets exacts de ce que furent ceux qui jouèrent la pièce à l’époque.
Parce que le sujet reste très sensible, les Croisades ne sont pas très éloignées des guerres d’aujourd’hui en Orient, Jean Dufaux l’aborde en toute impartialité. À aucun moment l’auteur ne porte de jugement, car aucune des parties n’avait plus raison que l’autre. Il montre une réalité et démontre que la puissance religieuse est un obstacle, depuis toujours, au discernement.
Le graphisme de Philippe Xavier, qui a fait ses armes de dessinateur aux USA, où il a réalisé 55 comics de 22 pages en six ans, est tonique. Sous la houlette cinématographique du scénariste, il a redécouvert l’intérêt du plan de profil, de face ou les fonds perdus pour donner l’idée d’immensité, de foules…
Il y a dans cet album toute la magnificence du cinémascope en technicolor car Jean-Jacques Chagnaud en signe la couleur. Utilisant la façon traditionnelle, son travail est une leçon de savoir-faire et montre ce que le talent permet de réaliser.
De plus, ce tome de Croisade, comporte des pages centrales dépliables, pour une vision globale de la bataille. Les deux auteurs dédicacent leur album à …Hermann, un salut à une Référence !
Ce premier tome de ce qui est annoncé comme une trilogie, nous emmène dans un univers de passions, où l’ésotérisme fait la place belle au sacré.
Serge Perraud nooSFere 11/11/2007
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