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La Nouvelle Égypte, voilà le surnom donné à Paris en 1900. Les grandes découvertes archéologiques ont donné lieu à un étrange phénomène. D’antiques esprits réussissent à annexer le corps de leurs (infortunés) découvreurs, on les appelle les « inspirés ». Cette vie schizophrénique peut donner les alliances les plus géniales, comme les plus sombres et tortueuses… Margot, jeune étudiante, mène une double vie. En revêtant la tenue de Néfésis, elle combat les « inspirés déviants », ceux qui n’arrivent pas à préserver l’équilibre entre leurs deux personnalités. Grâce aux pouvoirs conférés par son hôte, Némès, elle est une des seules à pouvoir libérer les esprits mauvais. Quand l’esprit d’un pharaon diabolique, Néménès, réapparaît à Paris, Margot découvre qu’il vient du sanctuaire d’Aboucinti, le lieu même où, enfant, elle a été « inspirée »… Néfésis saura-t-elle se protéger des ombres du passé ?
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Paris, août 1905. Le ciel est sillonné par d’innombrables dirigeables. Les amarres d’une charge, transportée par l’un d’eux, se rompent et celle-ci s’écrase devant un fourgon de police. À peine remis de leur frayeur, les policiers voient d’énormes machines surgir du sol et arracher la cellule des prisonniers pour l’emmener. Plus tard, au musée Champollion, les deux évadés se font « inspirer » et luttent contre une armée de guerriers égyptiens. Mais, ni les flèches, ni les lances n’en viennent à bout. Ils sont indestructibles et fortement armés. Pour parachever leur massacre, ils cassent un canope. C’est en rendant visite à son parrain que Margot apprend que ce cambriolage a permis à Néménès de s’évader de canopes et de prendre corps, grâce aux deux évadés « inspirés » par des prêtres maudits d’Aboucinti. Une attaque, dans la propriété de son parrain lui fait comprendre qu’elle est la cible, ou plutôt Némès, car Néménès est son frère maudit !
L’idée de départ du scénario est séduisante. Mixer ainsi deux civilisations et faire cohabiter, au sein de mêmes individus, des êtres de deux sociétés offre une variété de situations, une succession d’intrigues et des possibilités de dialogues innovants. Denis-Pierre Filippi qui apprécie particulièrement le 19e siècle, s’offre un Paris uchronique qui flirte avec le steampunk, bien que, vis-à-vis des puristes, la vapeur ne soit pas spécialement l’énergie principale. Le personnage de Margot est fort sympathique et sa « double dualité » est intéressante à suivre. L’auteur joue avec une « nouvelle race » d’envahisseurs et instille les éléments d’intrigue qui jouent avec les décalages, décalages d’époques, de situations, d’actions.
Silvio Camboni traite son dessin avec énergie s’inspirant du trait dynamique du comics. Il donne à ses personnages des caractères très typés, très « carrés », mais bien agréables à suivre, car stabilisés tout au long de l’album. Il utilise de larges à-plats de noirs, renforçant ainsi l’atmosphère de mystère qui règne dans l’album.
La couverture donne le ton général de l’album, avec un hommage à Spiderman, par une héroïne dont la tenue mêle la mode de la Haute Égypte et de la Belle Époque.
Néfésis est une série innovante, qui ne rentre dans aucun genre car elle se situe entre comics et cartoon, unchronie et steampunk.
Serge Perraud nooSFere 17/10/2007
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