Swampy est une jeune femme intrépide qui vivait, à la fin des années 30, dans les bayous de Louisiane. Elle découvre deux espions japonais qui tentent de l’empoisonner avec des baies de Poison Ivy, un lierre très vénéneux. Elle avale, à temps, un contrepoison, mais elle garde pour la vie, sur ses lèvres, l’effet du toxique. Son baiser est mortel !
     Avec quelques autres compagnes, dotées elles aussi de capacités extraordinaires, elles sont enrôlées par les Services Secrets, au sein du WOW (Women on War). C’est ainsi que le groupe se compose, outre Poison Ivy, (le nom de guerre de Swampy) de Boston iceberg qui gèle instantanément tout ce qu’elle touche, de Memory qui assimile le contenu d’une bibliothèque en quelques heures, de Gordon Lady, aveugle, mais tireuse d’élite grâce à son ouïe hyper-développée, de X-Raymonde qui lit les pensées, toutes les pensées et de Yum Yum Jaw, une cannibale à l’estomac insatiable.

     Baraka à Bir Hakeim se déroule en 1942. Dans le désert de Libye, un petit fortin est le dernier noyau de résistance à l’invasion allemande qui a déferlé sur l’Europe et le nord de l’Afrique. Un convoi, mené par Albert-René de la Pâte Feuilletée, tente de rallier ce point pour mettre à l’abri la réserve d’or dont le général De Gaulle a besoin pour continuer la lutte. Mais quinze milliards en lingots d’or attisent toujours les convoitises. Roosevelt a dépêché le WOW. Sur place, elles se présentent comme le groupe ADOLF (Américaines D’Origine Françaises Libres) Mais elles ne sont pas les seules à vouloir le trésor, Rommel, qui s’y intéresse, a farci le convoi d’hommes à sa botte. Le désert grouille littéralement de camions, de tanks, d’avions, de convois…
     Dans un tel contexte, Poison Ivy pourra t-elle, avec ses camarades, mener à bien la mission ?

     Yann a déjà fait la preuve de son humour caustique, ravageur dans, par exemple, Les Innommables et Odilon Verjus. Avec la présente série, le scénariste continue de se déchaîner. L’intrigue part dans tous les sens et l’auteur nous offre un véritable feu d’artifice de trouvailles burlesques, de références cocasses, allant jusqu’à la grosse farce. Mais, malgré une apparente pagaille, les histoires qu’il invente sont parfaitement structurées et Yann retombe sur ses pieds avec une conclusion qui, si elle n’est pas morale, est bien dans la nature humaine.

      Avec Baraka à Bir Hakeim, il utilise au mieux les surprenants superpouvoirs de ses héroïnes et nous fait vivre un scénario à l’humour féroce et aux rebondissements  loufoques, cependant truffé de clins d’yeux savoureux comme l’apparition du Petit Prince et de son renard, un militaire prénommé Albert-René, les personnages d’un « Taxi » qui cherchent la direction de Tobrouk, Ohmpah pah…
     Il restitue, en des dialogues truculents, tout le vocabulaire employé à l’époque et renoue avec une pratique qui faisait fureur dans les années 1960, surtout dans le roman d’espionnage : le titre jeu de mots par assemblage de consonnes similaires.

     Le travail graphique de Philippe Berthet est superbe et à la hauteur du scénario. Il accompagne avec bonheur le contenu très humoristique des dialogues et des situations. Le soin qu’il apporte aux décors, aux personnages, à la mise en page et aux cadrages est marquant. Un vrai bonheur.

     Baraka à Bir Hakeim confirme comme remarquable la série des Exploits de Poison Ivy et nous offre un grand moment d’humour.

Serge Perraud          
nooSFere          
22/06/2008