La planète Nebulae Alpha fut complètement ravagée lors de la guerre entre l'Union et les Krommiuns. « Aujourd'hui, c'est un désert abandonné, où rouillent des millions de tonnes de ferraille radioactive » (p.8).

     C'est ce lieu qu'a choisi l'Union pour y organiser un combat à mort entre deux vaisseaux surarmés, qui représentent chacun une entreprise d'armement concurrente. Le vainqueur emportera le plus grand marché de tous les temps. Les équipages sont composés de prisonniers qui tiennent là une chance d'être graciés, à condition d'en sortir vivants...

     C'est le même lieu qu'a également choisi Gal, le Quatrième pouvoir — une arme humaine composée de quatre personnalités fusionnées. La jeune femme espère s'y cacher, car l'énergie qu'elle émet en permanence ne devrait plus être détectée par l'Union au milieu des émissions radioactives...

     Mais des surprises attendent aussi bien les deux vaisseaux que Gal. Un troisième larron semble en effet vouloir interférer avec le combat programmé, tandis que Gal tombe sur une île artificielle encore habitée...

     Avec cet album, considéré comme un hors-série situé dans l'univers du Quatrième pouvoir, Gimenez nous offre un récit complet qui peut tout à fait se lire indépendamment.

     Space opera militaire et brutal, peuplé d'humains surpuissants, d'engins de guerre dévastateurs, d'armures impressionnantes, de caissons où l'homme fait corps avec la machine dans un enchevêtrement morbide de tuyaux obscènes, L'Île D-7 ne dépaysera pas les amateurs de La Caste des Méta-Barons mais pourra également séduire ceux qui supportent difficilement les fantasmes et tics récurrents de Jodorowsky. A condition d'apprécier le genre, tous retrouveront avec plaisir le talent de Gimenez au service d'un récit efficace et bien construit, au scénario relativement complexe qui réussit à mêler plusieurs intrigues et flashes back dans ce seul album, aux personnages certes archétypaux mais intéressants. Le suspense fonctionne parfaitement, même si l'on sait que le pouvoir supramental viendra à bout de toutes les difficultés — c'est facile, mais ça se passe comme ça chez les super-héros.

     Quelques questions demeurent sans réponse, dont la nature précise du jeune Rob qui possède curieusement à lui tout seul un pouvoir supramental aussi puissant que les quatre personnalités de Gal. Comment est-ce possible ? Et l'Union ne devrait-elle pas aussi détecter son énergie lorsqu'il aura quitté cette planète ? Ces points sont passés sous silence, mais peut-être retrouvera-t-on Rob dans un futur album.

     Au bout du compte, si l'on devait limiter sa bibliothèque à un seul Gimenez, L'Île D-7 serait le candidat idéal. Cet album offre en effet un parfait panorama des univers thématiques et graphiques de cet artiste peu banal.