L’album s’ouvre sur des lionnes qui chassent un buffle. Un lion, qui attendait tranquillement que celles-ci lui préparent son repas, est tué d’un coup de patte, par la « bête-cauchemar », un des derniers monstres en liberté, qui cherche aussi de la nourriture. Un avion, repéré par les appareils de contrôle aérien anglais, échappe à ses poursuivants et arrive sur le lac Victoria pour récupérer les deux agents russes survivants. Avant de partir, ceux-ci vont-ils faire un sort funeste à leurs prisonniers ? C’est la crainte de Kathy, mais la séparation se passe bien. Le petit groupe, (composé de Kathy, de John le romancier, de Judith et du baron Italien) qui se sent abandonné sur le bord du lac, entend un bruit de moteur. Ils craignent le retour des Russes. C’est avec soulagement qu’ils accueillent Grabble parti à leur recherche. Avant de retourner vers leurs occupations respectives, Judith et le baron décident d’aller au village Massaï pour chercher l’homme blanc qui parle de la « Loi des étoiles ». Il s’agit de Balmer qui servait de premier fusil à John lors de son safari. Celui-ci leur raconte ce qu’il a vécu. Mais il semble si étrange, son ton est si déclamatoire que… Et les acteurs du drame voient disparaître les preuves, les unes après les autres…
L’intrigue se situe dans les années postérieures à la seconde guerre Mondiale, à une époque où se multiplient les apparitions de soucoupes volantes et nombre de phénomènes extra-terrestres dont le plus célèbre reste celui de Roswell. Ce contexte amène naturellement à une explication dans ce sens. Mais contrairement à une affaire comme celle de Roswell où les humains, en l’occurrence les militaires sur ordre des politiques mettent au secret tout ce qui concernent l’affaire, ici c’est l’inverse. Et Kathy a le sentiment que tout n’est qu’illusion.
Les auteurs prennent le parti d’une narration lente, détaillée, à l’image de l’Afrique où beaucoup de choses suivent le rythme des cycles de la nature : quatre pages pour la chasse des lions, deux pages pour la poursuite, inefficace, de l’avion russe… Si l’on identifie le savoir-faire de Rodolphe en matière de dialogues et de rebondissements, on retrouve la « patte » de Leo et nombre de similitudes avec la « saison » Bételgeuse de sa série Aldébaran (même éditeur).
Hommage aux grands feuilletons d’aventures, au célèbre Monde Perdu de Conan Doyle, aux univers de Rice Burroughs, Kenya est une série fascinante par le décalage de son thème. Le dessin de Leo, on ne peut plus « classique », élégant, renforce le ton jubilatoire de l’histoire. Son goût pour la représentation de bêtes exotiques, d’animaux incroyables est comblé et le résultat nous ravit.
Les auteurs maintiennent un bon niveau de suspense et offrent un récit fantastique passionnant même si on attendait plus que ce qu’ils révèlent. La lecture de ce tome donne le sentiment que cet album est une transition, une étape intermédiaire, sentiment renforcé par une nouvelle intéressante : ce tome 5 clôt un premier cycle qui sera suivi d’une seconde « saison » nommée Namibia. Tout reste alors possible !
Serge Perraud nooSFere 29/05/2008
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