Ibrahim vit dans les îles Pato. Il a inventé le « Techno-Vaudou ». Ainsi, il compte bien faire revenir les morts à l’aide d’un ordinateur et d’argile sacrée de Yambomba arrosée du sang d’une poule. Le rite est complet lorsqu’il pulvérise avec sa bouche, un peu de tafia. Mais le résultat est nul. Tout ce qu’il réussit, à la troisième tentative, c’est de cracher sur sa copine qui le traite de nul et exige qu’il la ramène chez elle. Lorsqu’il revient, il distingue à la lueur de la lune trois silhouettes féminines qui répondent ensemble : « Sandra » quand de surprise, il questionne : « Qui êtes-vous ? » Mais aux enfers, le syndicat est réuni en séance de crise. Il y a une résurrection sans autorisation grâce à un Pentium 3 et à de l’alcool frelaté. Le Syndicat des travailleurs des enfers n’accepte pas qu’on lui fauche de la main-d’œuvre. Il envoie un agent récupérer la fugitive, réincarnée en trois avatars… Mais Ibrahim ignore tout de la personnalité de Sandra, celle-ci étant sans souvenirs.
Le ton est donné. Sur un sujet qui prête peu à rire, l’auteur développe une histoire pleine d’humour, truffée de situations cocasses. Sous le couvert d’une quête identitaire, Santiago Arcas croque, lors de scénettes, les grandes spécificités et les personnages symboliques d’une société des Caraïbes. C’est drôle, c’est pertinent, même si le trait est quelque peu grossi. L’intrigue qui s’organise autour de la recherche de l’ancienne personnalité de Sandra est menée avec maîtrise. Le scénariste donne des enfers une image bien contemporaine, faisant du travail la peine éternelle, l’organisation en étant régie par un syndicat. Le dessin est dépouillé. Santiago Arcas travaille surtout par le contraste de couleurs encadrées par un trait énergique.
Sandra est une bonne surprise, avec un premier tome qui se révèle plaisant pour son ton humoristique et ses situations décalées.
Serge Perraud nooSFere 02/09/2008
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