Ce récit, signé par Tiburce Oger, (révélé entre autres par sa série Gorn – Vents d’Ouest) oscille entre épopée épique, conte fantastique et quête identitaire. Ewen, le héros, « le frère du dragon » est à la recherche de la vérité de sa vraie nature, de son destin de guerrier. L’auteur limite son récit au parcours de quatre personnages principaux : Alis, une jeune femme, Ewen et Riwall, deux rivaux de races ennemies qui veulent conquérir, l’un son amour, l’autre la femme, et un homme sage dont la présence génère une certaine retenue, surtout pour Ewen. La naissance de celui-ci est entourée de mystère, comme reste mystérieux l’inconnu qui sauva sa mère. Il est, semble-t-il, l’élu des dieux et a un destin à accomplir. Mais il est, pour l’instant, un chef de guerre qui a tout perdu, qui est en vie parce qu’il a fui devant l’ennemi laissant son armée anéantie. L’autre est un poète boiteux, un individu possédant un minimum de culture et de vernis pour la vie en société. Tous deux convoitent la même chose. C’est la force brutale contre la force morale. Mais la quête impose un groupe, une équipe dont les membres doivent accepter leur réunion. La trame du récit est adroitement tissée, condamnant les uns et les autres à cohabiter, à faire cause commune pour aller au bout du parcours, pour atteindre le but.
Sans négliger le travail du scénariste, il faut bien reconnaître que c’est d’abord le graphisme de l’album qui retient l’attention. Les peintures d’Andréi Arinouchkine sont superbes. Il donne une vision grandiose à l’épopée, réalisant de véritables tableaux de combats sur double page ou des paysages du nord si réalistes que le froid transperce le papier pour venir vous geler les doigts. C’est un livre d’images. La faible densité des dialogues et des cartouches renforce encore cette idée.
Alis, le premier tome d’Ewen, est enrichi d’un cahier de 32 pages d’esquisses, de croquis et de portraits dévoilant les recherches du créateur. La qualité du papier, proche de celle d’un vélin, conforte cet aspect beau livre.
Une belle histoire superbement mise en images sur un support de qualité. Alis réunit toutes les composantes d’un album remarquable.
Serge Perraud nooSFere 08/07/2008
|