La tempête n’empêche pas un couple de s’aimer, mais provoque le naufrage d’un navire. Sur celui-ci, Kim, une jeune femme, ne veut pas abandonner la cargaison, une cargaison étrange composée de corps humains nus, pendus comme des carcasses à l’étal. Le canot où s’est réfugié l’équipage aborde une côte où un étrange prédateur est aux aguets. Ces deux séquences sont cadencées par un Chant de Maldoror.
Mia Vélickovic, une jeune lieutenante de police, est chargée de l’enquête. Une enquête qui s’avère délicate car la victime est la fille de Lothar Wang, un puissant bio-trafiquant.
Si Mia est professionnellement une débutante, sa vie personnelle est plus épicée. Elle partage son appartement avec un python et, la nuit venue, change de peau pour fréquenter les clubs échangistes et autres lieux interlopes où les corps se cherchent et …se trouvent. Mais elle reste cependant en retrait de la fête charnelle.
Peu à peu, par son enquête, elle pénètre le milieu des trafiquants, rencontre Wang quand celui-ci le décide et comprend qu’elle est au cœur d’une guerre des gangs.
Lors de ses rencontres nocturnes, elle se lie avec Andrea et Lucy Stillman. C’est un couple libre de mœurs dont l’attitude reste confuse dans la faune nocturne. Une action, sous la responsabilité de Mia, tourne mal. Pourra-t-elle survivre dans cette violence physique et de mœurs ? Ne va-t-elle pas sombrer, victime des gangs ?
Régis Penet, qui signe officiellement son premier scénario, intègre dans son histoire les luttes modernes pour le pouvoir, l’argent et le sexe. Il développe une intrigue basée sur la manipulation des êtres, des hommes, des corps. Il décrit les liaisons sulfureuses entre le pouvoir politique et les trafiquants de chair humaine à qui la biologie et ses avancées permettent des trafics juteux. Il place cette science au premier rang avec les outrances qu’elle peut engendrer quand la « jeunesse éternelle » devient presque une réalité. Que ne ferions-nous pas, quand l’argent n’est pas un problème, pour conserver un semblant de jeunesse ? Un autre élément clé de son histoire est l’esthétisme du corps humain. Sans voyeurisme, il prend le parti de mettre le corps en vedette, sans artifices. Le corps, qui a toujours été une chose que l’on achète ou que l’on vend, reste, pour l’auteur, un objet de convoitise, d’échange et de plaisir.
À travers son récit, l’auteur parle de la prolongation de la vie. Mais il fait planer la mort, son corollaire, et le besoin viscéralement humain de chercher à la vaincre. Bien que, jusqu’à maintenant, le combat ait été inégal car, à de rares exceptions non attestées, elle a toujours été vainqueur. Mais…
Régis Penet brosse une série de personnages emblématiques de la plus belle facture. Il sait les rendre attrayants, nous attachant à leur parcours, à leurs dérives, à leurs tâtonnements. Le dessin de l’auteur est résolument contemporain. S’il se régale à la représentation des corps humains, il travaille ses décors projetant pour chacun la personnalité de celui qui l’occupe.
Il en résulte un album superbe, avec un graphisme de haute qualité au service d’une histoire passionnante. Ce premier volet suscite l’attente impatiente de la suite !
Serge Perraud
nooSFere
25/07/2008
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