Pour retrouver le corps de son ancêtre, Auguste Boudreaux torture le cadavre d’Henry Lindsay, mort depuis presque un siècle. Alors que Jeff Devries, un ami d’école, vient le rejoindre, le mort-vivant s’échappe…
Gordon Devries règne sur le trafic d’alcool dans cette année 1928 au cœur de la Nouvelle Orléans. Il est le seul à pouvoir faire circuler ses camions en toute impunité. Mais, des concurrents tentent de se faire une place. Viper Temple et son gang attaquent un de ses convois. Ceux-ci découvrent, outre des bouteilles d’alcool, tout autre chose. Gordon, prévenu par la police, accourt sur les lieux et constate, effaré, qu’on utilise ses réseaux pour un trafic dont il ignore tout : celui de cadavres, de momies ! Il lance ses troupes sur le gang de Viper et se réserve le soin de trouver l’employé qui lui : « …a fait un gosse dans le dos. »
Cependant Gordon est inconsolable. Il porte en lui le chagrin d’avoir perdu son épouse, morte sous les balles qui lui étaient destinées. C’est pourquoi il protège son fils qui reste tout pour lui. Mais Jeff se rebelle et ses relations sont pour le moins insolites : d’abord ce garçon qui tente des expériences de nécromant, sa sœur qui l’a fait interner comme malade mental…
Quel secret perdu veulent-ils retrouver ? Pour quoi faire ? Que contient cette urne funéraire ?
Fabien Nury reprend le thème de la nécromancie, le transpose dans l’Amérique des années 1920 où un autre auteur (Lovecraft) en a fait son sujet principal d’inspiration. Il combine, avec la richesse de l’imaginaire qu’on lui connaît, la réalité historique de la Prohibition avec cette pratique occulte qui existe depuis la nuit des temps. L’auteur qui apprécie cette période dans cette région, dresse avec une écriture énergique le portrait magnifique d’un homme qui, du jour au lendemain, (Le récit se déroule en trois jours) se trouve confronté à une série d’événements qui vont déstabiliser son trône criminel. Y a-t-il un lien entre la mort de sa femme et les recherches nécromanciennes que mène Jeff, son fils ? L’auteur joue habilement sur nombre de registres, accumulant des révélations qui génèrent d’autres interrogations.
Cette histoire est magnifiée par le dessin élégant de Jack Manini et les couleurs subtiles de ses aquarelles. Il restitue au récit toute son atmosphère oppressante. Avec une mise en images particulièrement dynamique, il gère la partie graphique en main de maître.
Ce premier volet du diptyque est une réussite. La publication de celui-ci a été retardée par l’éditeur pour pouvoir proposer rapidement au lecteur la suite de cette magnifique série.
Serge Perraud
nooSFere
14/10/2008
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