Pauline, Erwan et les prêtresses du mystérieux pays sont arrivés vers un immense squelette. Erwan et ses accompagnatrices doivent se rendre dans le crâne du Grand mort pour effectuer le rituel. Pauline, qui veut les accompagner, se voit opposer un refus ferme. Atteinte de vomissements, elle consent à rester sur place et à attendre leur retour. En se rendant sur le lieu du rituel, Erwan apprend que l’homme, venu de son monde, avait su ramener la paix entre les clans. Cependant, l’équilibre reste fragile et il faut le réactiver à chaque génération grâce à un « Transporteur », en l’occurrence Erwan pour ce cycle. Pauline, sur qui les larmes d’abeille ne font plus effet, se retrouve à son point de départ, …en plein hiver, le 17 février 2011 ! Après le rituel, émaillé d’un incident, Erwan reprend conscience. Il cherche Pauline et réapparaît dans le jardin de Christo, mort depuis presque deux ans. Il retrouve Jérôme, son ami, qui occupe sa maison. Celui-ci lui fait un résumé des événements depuis son départ, les remous causés par leur disparition, la mort de Christo, le retour, il y a six mois de Pauline, malade. Jérôme lui remet la lettre qu’elle a laissée à son attention. Après sa lecture, Erwan n’a plus qu’une idée, la retrouver à Paris. Mais la situation économique du pays a bien changé. De plus, la jeune femme change sans cesse d’adresse comme si elle fuyait une menace… Et Erwan va de surprise en surprise !
Après un premier tome où la part de fantastique venait d’un voyage vers un monde ignoré, les auteurs jouent cette fois sur la relativité du temps pour maintenir un climat d’étrangeté. Et ils y parviennent …sans problème. La quête d’Erwan se prolonge par des considérations économiques et sociales transposées en 2011. L’effet est saisissant, les auteurs décrivent la situation catastrophique d’une population confrontée à une crise causée par la montée du prix de l’énergie et les délocalisations sans freins. Cependant, il est ahurissant de constater à quelle vitesse évolue notre société, car ce scénario, écrit au début de l’année 2008, ne prend pas en compte la chute des valeurs boursières et le retour (jusqu’à quand ?) d’une énergie au coût abordable. Les auteurs tissent une intrigue passionnante, jouant sur les relations de deux mondes, sur une quête qui se prolonge dans un univers dont ils pointent toute l’étrangeté et les contradictions.
Vincent Maillé donne à l’histoire une dimension graphique de haute tenue. Son dessin, à la fois réaliste et poétique, sait restituer la part féerique et fantastique du récit. Il prend en compte avec subtilité, les sombres perspectives d’une dégradation économique et rendre les sentiments des personnages, comme le caractère entier de Pauline, la douceur d’Erwan, le côté sans soucis de Jérôme…
Pauline…, ce second tome du Grand Mort, confirme l’excellente impression laissée par un premier volume très prometteur et confirme tout l’attrait que l’on pouvait avoir pour cette série.
Serge Perraud nooSFere 15/12/2008
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