Derrière ce titre étrange propice à de nombreux jeux de mots (« Monju sur la commode » ; « Et monju, c'est du poulet ? » ; « Monju ma chemise », j'en passe et des meilleures...) se cache un manga basé sur un postulat qui tient aussi bien de la science-fiction que de l'humour loufoque : un prototype de robot-policier, devenu obsolète après la fabrication en chaîne de nouveaux modèles, est muté dans un patelin de campagne où ses capacités exceptionnelles sont (presque) totalement inutiles. Son aspect (imaginez le Briaeros d' Appleseed déguisé en fonctionnaire de police pataud) et sa naïveté font de lui la risée de la population locale, et ses gaffes ne font rien pour renforcer le peu de respect qu'il inspire.
Pour débuter son histoire, dont le synopsis ouvre des perspectives intéressantes sur un plan humoristique (un personnage en décalage avec l'environnement où il se trouve), Miyashita choisit l'option du quiproquo : le coéquipier de Monju, un policier humain, se retrouve faussement soupçonné d'être un voyeur. Cette première intrigue va servir de prétexte pour humaniser Monju, et le rendre sympathique aux yeux du lecteur. Autre ressort comique : Monju dispose d'une puissance de combat dont il ne semble pas conscient, et ses réactions disproportionnées face à toute forme d'injustice ne sont pas sans causer quelques dégâts.
Pourtant, curieusement, le ton comique du manga est assez vite délaissé par l'auteur au profit d'une intrigue plus adulte et cohérente qu'une accumulation d'épisodes à gags. On y perd en humour, mais on y gagne indéniablement en profondeur quand la dangerosité de Monju, véritable bombe atomique ambulante (Monju est aussi le nom d'un réacteur nucléaire japonais), est mise en avant afin de justifier un rapprochement amical entre lui et son partenaire qui doit assumer le rôle de « garde-fou » auprès du robot. Dès lors, l'application stricto sensu de la loi par Monju échappe au domaine humoristique pour entrer dans le cadre de la tragédie car en sa présence, le moindre contrevenant à l'ordre public se retrouve en danger de mort, son coéquipier y compris.
Le trait de Miyashita et le charisme de ses personnages rendent son manga particulièrement agréable à lire, surtout dans une édition aussi soignée. La constante oscillation de ton entre l'humour décalé des situations et la menace réelle représentée par Monju rendent cependant l'œuvre assez difficile à appréhender, et même imprévisible, ce qui n'est pas nécessairement un mal en soi. Dans tous les cas, bien que Monju soit présenté comme un manga relevant du registre comique, ses ruptures d'ambiance continuelles risquent d'en surprendre plus d'un.
Florent M. nooSFere 20/10/2008
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