Touriq de Grangar, Murmillia la princesse, Faude sa garde du corps, Föfnir et Alg, un mystérieux petit animal, sont perdus dans la grande forêt nordique. Murmillia et Touriq se chamaillent. Ce dernier se résigne à monter sur un arbre géant pour trouver leur route. Après un combat contre des fauves, il atteint la canopée et aperçoit une tour, au bord de l’océan. Dans la tour, Tamarzün, un nécromancien, pratique son art pour faire venir le Spectre Rouge et prépare son repas. Son monstre familier attaque le groupe. Son maître intervient au moment où les héros ont pu terrasser la bête et s’apprête à la tuer. Le magicien détecte en Alg un Glupion peu ordinaire car il comprend que c’est lui qui a amené le groupe jusqu’à lui. Il leur dévoile les raisons de leur présence. Olkas, le fils de Ulg et Phi, le frère d’Algane est de retour pour effacer le monde. Mais sa sœur s’oppose à ses projets. C’est elle qui a glissé aux hommes les secrets des élixirs. Olkas a crée les hydres pour souffler le néant et des monstres pour détruire les hommes et les empêcher de produire les élixirs. Alcane s’est incarné dans Alg et a réuni le groupe. Tourig, par maladresse, se coupe et son sang répandu oblige le Spectre Rouge à investir son corps. Les voilà tous deux dans une même enveloppe. Mais Tamarzün les oblige à partir à la recherche de l’université flottante pour retrouver une cartefiole qui leur indiquera l’emplacement de l’île du néant, la demeure secrète d’Olkas.
Au fil des nombreuses séries qu’il concocte, Christophe Arleston fait preuve d’une capacité inventive remarquable, d’une maîtrise à créer des univers fantastiques et magiques. Il allie à un sens de la situation des dialogues percutants et un humour omniprésent. Avec Élixirs, il enrichit un bestiaire déjà copieux et dresse une galerie de personnages d’une grande variété. Certes, on retrouve de séries en séries des constantes comme la quête, l’humour « potache ». En effet, le scénariste ne recule pas devant le plaisir de faire des jeux de mots approximatifs ou des boutades truculentes. Il n’hésite pas, également, à faire référence, voire dévoyer les classiques de la fantasy et du roman d’aventure. Mais à chaque fois l’alchimie du récit opère et on se retrouve, pour notre plus grand plaisir, embarqué dans des aventures échevelées et divertissantes.
Aussi, quand une telle histoire est mise en images par Alberto Varanda, celle-ci prend une autre dimension. Outre des personnages fort réussis, d’une grande constante graphique, il réalise une zoologie et des décors de grande beauté. Les cadrages, les équilibres des pages font plaisir à voir. Un tel album se lit au moins trois fois : une fois pour connaître les fils de l’intrigue, une fois pour découvrir la richesse des différents jeux de mots et remarques comiques disséminés dans l’ensemble de l’album et une troisième fois pour scruter le travail graphique, les finesses du dessin, la hardiesse et la dynamique des actions. Il faut signaler le travail de coloriste de Nolwenn Lebreton, qui ne dépare pas la qualité de l’ensemble.
Élixirs, est une série attractive, pour son scénario aux éclairages novateurs, ses personnages intéressants et la maîtrise graphique d’un dessinateur au sommet de son art.
Serge Perraud nooSFere 03/11/2008
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