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Album
Delta City
Série : Robocop    tome 1 

Scénario : Steven GRANT
Dessins : Juan José RYP
D'après : Frank MILLER
Couverture : Frank MILLER

Albin Michel , coll. Game Over, février 2005
 
Cartonné
Format 320 x 220
Couleurs
ISBN 2-226-14795-0
Voir une planche.
 
Critiques
     Si vous êtes fan de Frank Miller, vous n'ignorez sans doute pas qu'il est à l'origine des scénarios de Robocop 2 & 3, expérience dont il retira une grande rancœur envers Hollywood, avant que Robert Rodriguez ne le réconcilie avec le septième art en l'associant à l'adaptation de son comic-book Sin City. Sensiblement différents des scripts originaux de Miller, les deux films édulcoraient grandement son propos, d'après ses dires. L'intérêt de ce comic-book réside dans le fait qu'il retranscrit très exactement le scénario écrit par Miller pour Robocop 2, à en croire la préface de Steven Grant, crédité sous le mystérieux titre d'« adaptateur ». Eh bien, à la lecture de cet album, au demeurant fort agréable (le dessin y est pour beaucoup), je ne peux qu'admettre que les relectures de script et autres modifications faites par les innombrables intermédiaires du milieu cinématographique sont parfois indispensables.

     Une BD n'est pas un film, et un bon scénariste de BD n'est pas forcément un bon scénariste de cinéma. En outre, l'auteur ne paraît pas si lésé que cela, car on retrouve ici bon nombre d'éléments politiquement et socialement engagés repris dans le film : grève des policiers, destruction des immeubles à logements sociaux par la multinationale OCP qui souhaite bâtir une ville « propre », recherche d'un nouveau Robocop (et d'un nouveau cerveau) par une scientifique arriviste sexy aux ordres de l'OCP... Tout est là, mais relaté d'une façon assez décousue, sans équilibre rythmique ou expositions des personnages. Pour tout dire, on assiste à une accumulation de scènes d'action menées tambour battant, mais sans que l'auteur ne prenne le temps de poser son intrigue. Des criminels profitent de la grève des policiers pour mettre la ville à feu et à sang, l'OCP cherche son nouveau Robocop, l'ancien Robocop tire dans le tas, et voilà, c'est à peu près tout.

     Le film, qu'on l'aime ou non, avait ce mérite d'installer un semblant d'histoire à travers le trafic du Nuke, cette drogue peu coûteuse et facile à se procurer, et son monopole par Caïn, le dirigeant d'une secte. Or ce premier tome, qui n'est toutefois que le début de l'histoire (et nous aurions du mal à connaître la suite qui n'a jamais été publiée en France), nous démontre que le script de Miller est finalement, non sans une certaine ironie, moins fouillé et approfondi que celui du film... Et on aura du mal à admettre une quelconque censure, car le film n'y va pas avec le dos de la cuillère, et rien dans ce comic-book ne paraît plus subversif, plus dérangeant que dans son adaptation filmée.

     Rappelons-le une fois encore : il s'agit d'un premier tome, et son échec commercial dissuada Albin Michel de publier la suite, mais on peine à imaginer un film de plusieurs millions de dollars doté d'une telle entrée en matière, sans quelques nécessaires ajouts et modifications. Autant le dire sans détours : le film reprend à l'identique le propos de Miller, mais dans une version sans doute plus présentable, « techniquement » parlant. Peut-être aurait-il dû s'en réjouir. Et le plus amusant, dans l'histoire, c'est que Steven Grant avoue malgré lui dans sa préface, en essayant de défendre Miller, que ce dernier ne connaît rien aux règles d'écriture d'un script (autrement dit, qu'il ne sait pas écrire un scénario filmable), en essayant ainsi de démontrer l'originalité de sa démarche...

Florent M.          
18/02/2009          


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