Warhammer 40,000 est l'adaptation d'un jeu de figurines stratégique, version futuriste de Warhammer, autre jeu tactique d'inspiration médiévale lui-même tiré du jeu de rôle Warhammer. Pour résumer la chose, Warhammer 40,000 se situe dans un futur lointain où un empereur-dieu (en tout cas considéré comme tel) règne sur l'univers (oui, comme dans Dune). Ses guerriers, des sortes de Templiers lancés dans une interminable croisade aux quatre coins des galaxies afin de convertir les hérétiques, lui sont dévoués corps et âme. Pour envahir les mondes païens, des vaisseaux aux allures de cathédrales stationnés en orbite crachent d'énormes capsules qui atterrissent en une pluie de métal sur les planètes convoitées, où des bases peuvent ainsi être installées en un temps record. Il faut ici préciser que ces fanatiques, que nous appellerons Space Marines (bien que les différentes légions soient légion, justement), vouent un culte à ce qu'ils nomment « la Machine », c'est-à-dire à la technologie qu'ils utilisent pour servir l'Empereur, n'hésitant pas à mutiler leur propre corps pour améliorer leurs capacités au combat. Vous l'aurez compris, ce background est directement inspiré des périodes les plus sombres de l'Église catholique romaine, des croisades à l'Inquisition, mais transposées dans une intéressante vision futuriste.
La Croisade des Damnés est donc le premier tome de l'adaptation BD de Warhammer 40,000. Afin de présenter un univers assez complexe (jetez donc un œil sur l'article Wikipédia, vous m'en direz des nouvelles), le scénariste choisit la voie la plus classique et la plus efficace, la méthode dite des Trois Mousquetaires : prendre pour personnage principal une jeune recrue. Cet homme, choisi parmi les guerriers d'un clan barbare conquis par les Space Marines, à la manière romaine, rejoint les rangs de l'Empire « de son plein gré » ; c'est l'occasion pour nous de découvrir les méthodes d'endoctrinement totalitaires subies par les jeunes recrues au profit d'un Empereur souvent cité, mais bien entendu invisible et intouchable de par son prestige (il s'agit en fait d'une sorte de mort-vivant immobile depuis dix mille ans sur son trône). L'intrigue n'en devient pas pour autant limpide pour le néophyte, car le scénario ne cesse de basculer entre les décors, les personnages et les époques pour nous présenter un maximum d'éléments de cet univers, mais en prenant le risque de larguer au passage le lecteur ignorant tout du jeu. Pourtant, malgré son statut commercial d'œuvre de commande, La Croisade des Damnés surprend par sa qualité : qualité des dessins, au trait brut et parfaitement mis en couleurs, mais aussi qualité de ses personnages et des dialogues, qui nous imposent sans peine toute la cruauté du monde de Warhammer 40,000 en quelques scènes extrêmement dures et très bien senties.
La suite s'appliquera sûrement à développer ce qui peut paraître ici un peu confus, comme la nature des Dreadnoughts, ces espèces de tanks sur pattes abritant ce qui reste des êtres humains qui les animent : le quatrième tome étant déjà paru, vous n'aurez pas à patienter. Et si vous préférez les univers médiévaux aux croisades intégristes futuristes, sachez que Soleil propose depuis peu l'adaptation BD du jeu Warhammer dans sa version moyenâgeuse : de quoi satisfaire tout le monde...
Florent M.
21/01/2009
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