Un faisceau transperce le ciel et deux silhouettes se matérialisent près de la voiture d'Anika Borodine qui attend, seule dans la nuit. Pendant le voyage vers le Point Zéro, Iseki Stassik s'enferme dans un mutisme qu'Anika tente de briser. Pour l'aider à lutter contre son amnésie, elle l'emmène où tout a commencé. Sur la Demarkacia, des Ieretiks lancent une attaque aérienne.

     Au Point Zéro, au milieu des ruines, parmi les témoignages vieux de quinze ans qu'Anika lui fait écouter, il en est un de remarquable. C'est celui d'un soldat qui raconte son arrivée sur les lieux et la découverte d'un enfant, seul survivant au milieu des décombres. Iseki reçoit cette information avec incrédulité. Il serait cet enfant, et le responsable de la catastrophe.

     Pourtant, il réfute cette révélation et refuse d'assumer cette responsabilité. Pour prouver qu'il est étranger à cette affaire, il entraîne Anika chez ses parents adoptifs.

     Cependant, son pouvoir, réel ou supposé, attise bien des convoitises et ceux qui le traquent pour s'emparer de sa personne ne restent pas inactifs. Jusqu'où Anika se laissera-t-elle mener dans cette fuite en avant ?

     Christophe Bec et Stéphane Betbeder ont construit, dans un cadre à l'atmosphère lourde, pesante, qui sied bien à un régime dictatorial, une histoire aux ramifications multiples. S'ils livrent peu à peu les clés de ce récit, il reste encore de fameuses zones d'ombre. Ainsi, qu'en est-il de la nature des ennemis ancestraux, les Ieretiks (qui phonétiquement donne Hérétique) de la réalité de la menace, de l'origine des deux héros, de leur destin et des raisons qui ont poussé ceux qui leur ont permis de grandir ?

     Menée de main de maître, ce scénario entremêle croyances et pouvoirs anciens, réflexion sur la nature humaine et ses capacités. Avec le couple Anika-Iseki, les auteurs jouent sur toute la gamme des sentiments, des motivations qui peuvent animer un être humain. Avec beaucoup de savoir-faire, les auteurs font monter une tension qui croit d'album en album, sans temps morts ni longueurs. Que peuvent nous cacher les deux auteurs pour nourrir encore deux albums qu'on espère aussi denses ?

     Nicola Genzianella a repris la suite de Christophe Bec depuis le second tome... et le lecteur ne perd pas au change. Le dessin est dynamique, les expressions et les sentiments des personnages sont bien restitués.

     La mise en couleur de Marie-Paule Alluard est particulièrement réussie, avec un chromatique de tons froids qui renforcent l'atmosphère oppressante de certaines scènes.

     Réminiscences conforte la qualité indéniable d'une série remarquable dont on attend la suite avec impatience.