Voilà maintenant un an que l'Amicale Française des Admirateurs de Rousses Farouches (l'AFARF) est aux anges : depuis février 2008, Panini publie en effet les aventures de Red Sonja, personnage créé par Robert Howard sans aucun rapport avec Conan, mais pourtant recyclé par Roy Thomas dans son comic-book consacré au barbare. Initialement pensée comme une Autrichienne défendant Vienne contre les Turcs au XVIème siècle, la rousse mystérieuse est ainsi devenue sur le papier une guerrière vêtue d'un slip en cottes de mailles, double féminin de Conan et incarnation de la femme de caractère que le héros désire par dessus tout sans pouvoir l'obtenir, car trop farouche et indépendante (et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle il la désire tellement). Ce personnage annexe, assez anecdotique, connaît donc depuis peu l'honneur d'une publication en albums entièrement consacrés à sa personne, sûrement grâce au revival de Conan initié par la sortie du MMORPG Age of Conan et les rééditions des nouvelles de Robert Howard chez Bragelonne (rappelons que Red Sonja fut aussi adapté en film, avec le navrant Kalidor).
Ce quatrième album en l'espace d'un an démontre que Red Sonja a trouvé son public, ce qui n'était guère évident (en France, on ne l'avait croisée qu'au détour des aventures de Conan, notamment dans l'album Deux Trônes pour Red Sonja). Celui-ci commence au moment où Red Sonja, dans un paysage enneigé (et qui se plaint du froid alors qu'elle se promène quasiment nue, mais passons), se retrouve confrontée à une horde de barbares qu'on l'a payée pour chasser, en bonne mercenaire. Ce combat, d'une rare violence, amène notre rouquine préférée à se retrouver captive en compagnie de ses ennemis, réduits en esclavage par une sorcière et la race cannibale qu'elle tient sous sa coupe. La « diablesse » se retrouve ainsi opposée à une « déesse » auto-proclamée.
Bon. Ne vous attendez pas à plus de révélations, tout est là. Ceci étant dit, ne vous méprenez pas : La Reine des Steppes Gelées s'avère plaisant à lire, mais n'espérez pas y trouver autre chose que ce que le lecteur vient secrètement et honteusement y chercher (à savoir une belle guerrière aux cheveux de feu dans les positions les plus suggestives, un sous-texte lesbien et quelques scènes gores). On a un peu l'impression d'une nouvelle de Robert Howard en manque d'inspiration, mais tout de même divertissante (précisons toutefois qu'il s'agit là d'un scénario original de Franck Cho — qui dessine également les couvertures de la série — et non d'une adaptation de Robert Howard, même si on y retrouve plusieurs de ses marottes comme la sorcière lesbienne ou le peuple cannibale).
En fait, La Reine des Steppes Gelées doit surtout aux dessins de Homs (c'est son nom), particulièrement doué dans la représentation de personnages féminins, et à sa volonté de divertissement totalement assumée dans une joyeuse débauche de violence exposée et de sexe suggéré. Et pour les lecteurs en quête d'un alibi, notons tout de même une thématique distillée par l'histoire : la célébration de la liberté et le refus de tout semblant de soumission, l'originalité résidant ici dans le fait qu'une femme incite des hommes à briser leur chaînes, en leur montrant la voie à suivre. Red Sonja... Superbe femme, mais sacré caractère.
Florent M. 06/03/2009
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