Fear Agent se veut un hommage aux héros de pulps intergalactiques du type Dan Dare ou Flash Gordon. Heart Houston est un aventurier sans bagages qui loue ses services au plus offrant. Son job ? Se rendre de planète en planète pour nettoyer une zone infestée d' aliens, récupérer des denrées perdues par des colons, etc. Pour l'assister, il dispose d'un vaisseau équipé d'un ordinateur de bord, une intelligence artificielle communiquant avec lui sous la forme d'un avatar féminin qui lui évoque sa femme, disparue jadis avec ses enfants. Frappé par ce drame, Houston boit, fume, jure, mais ne manque pourtant pas d'humour et rêve d'un idéal inaccessible (son foyer perdu).
Fear Agent démarre sur les chapeaux de roues en plongeant ses lecteurs dans le feu de l'action, comme tout bon pulp qui se respecte : Houston est à la recherche d'une cargaison dérobée par une tribu d'autochtones sauvages ; bien entendu, l'affaire va très vite se corser au fur et à mesure de ses découvertes. J'éviterais de vous dévoiler le pot aux roses, mais son périple va l'amener à voyager dans le temps en lui donnant ainsi l'occasion d'éviter un cataclysme avant qu'il ne se produise, et peut-être de sauver ainsi sa famille. Il va sans dire que son chemin va croiser celui d'une jeune femme de caractère, avec qui il va devoir composer un duo orageux avant que les deux personnages commencent enfin à s'apprécier mutuellement. Tous les ingrédients du genre sont donc réunis dans cette mise en place particulièrement bien rythmée, où le lecteur trouve à peine le temps de respirer.
Fear Agent s'avère extrêmement rafraîchissant par son premier degré et sa naïveté totalement assumés. Pour être honnête, je n'en avais jamais entendu parler avant de rencontrer son dessinateur, Tony Moore ( Walking Dead) au Festival International de la BD d'Angoulême, à l'occasion d'une superbe dédicace. Un simple coup d'œil aux couvertures de Fear Agent (et, pour être honnête, à la taille réduite de la file d'attente, juste avant la fermeture) m'a convaincu de lui donner sa chance, sans regret, car Fear Agent est de ces comics qui reviennent à l'essentiel, d'où cette impression de candeur qui n'est en fait qu'un retour aux sources de l'essence même des comics. Un routard galactique, des vaisseaux spatiaux, des aliens belliqueux, une jolie fille, de l'action et de l'humour, que demander de plus ? Précisons également que, sur la forme, le scénariste Rick Remender se révèle un excellent dialoguiste, parvenant à transcender le classicisme de son histoire par une narration à la première personne bourrée de répliques bien senties, régulièrement lancées par un héros qui n'hésite pas à se parler tout seul.
Pour éviter tout malentendu, précisons qu'il existe, dans la variété du monde des comics, une place pour toutes sortes d'œuvres, de la plus « basique » à la plus intellectuelle, mais reconnaissons toutefois que la quête de profondeur initiée par quelques grands noms comme Alan Moore ou Art Spiegelman auront entraîné un effet pervers en « ringardisant » la naïveté originelle des comics, ou plutôt leur premier degré assumé, pour les entraîner vers un univers plus adulte et profond qui aura sans doute perdu un peu de l'âme du genre. Fear Agent a su retrouver cet esprit, et c'est tant mieux.
Florent M. 05/02/2009
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